Threshold c’est dix albums et une carrière qui a débuté dans la banlieue verdoyante de Londres en 1989. Intitulé ‘For The Journey’, cet opus est la troisième production studio du sextet chez le label Nuclear Blast Records, dans le sillage de ‘Dead Reckoning’ en 2007 et de ‘March In Progress’ en 2012. Le précédent album a vu le nouveau retour de Damian Wilson, le chanteur d’origine de 1992-1993 et aussi de 1996 à 1998 après le départ (et la fin tragique) de Andrew 'Mac' McDermott.
Threshold a longtemps été le chouchou de la scène métal progressif pour deux raisons très simples : ils sont incroyablement cohérents et, plus important encore, ils savent écrire des chansons mélodieuses et accrocheuses. Si le Heavy Métal et le Rock Progressif sont les pierres angulaires du groupe, Threshold s'appuie également sur un socle Hard Rock classique qui leur permet de nous offrir un ensemble solide et varié.
Même si Wilson brille de mille feux sur cet opus, les joutes de guitares de Karl Groom et du relativement nouveau Pete Morten restent notables, sans jamais chercher à faire de l'esbrouffe. Le clavier de Richard West est essentiel et de bon goût, avec quelques pièces sucrées invitant l’orgue Hammond à donner le voix. Le backline est tout aussi estimable, avec la présence à la basse, très forte et sonore, de Steve Anderson, et de Johanne James dont la performance s'avère merveilleusement nuancée derrière ses futs.
Si Threshold reste ici assez classique il se fait cependant plus introspectif, morose et sombre que sur ‘March of Progress’. Allant du prog métal très mélodique assez proche de Anubis Gate à des morceaux plus rock et classiques dans leurs structures mais aussi à des éléments métal et heavy, la plupart des chansons possèdent cette chaleur immédiate typique du groupe et offrent de beaux paysages sonores familiers.
Le titre d’ouverture « Watchtower on the Moon » aurait d'ailleurs pu apparaitre sur n'importe quel album depuis 'Hypothetical'. C'est assez urgent et direct, mais avec suffisamment d'éléments insolites et de décalages rythmiques pour être qualifié de prog avec en plus de bons gros riffs bien placés. "Unforgiven" offre une mélodie mélancolique tout à fait captivante qui rend Wilson absolument essentiel avec sa voix cristalline et empathique. Mais le titre emblématique de cet album est la pièce nommée "The Box", dans laquelle la formation expose tous ses talents et propose une alternance incroyable et des breaks monumentaux. Il s'agit d'une véritable claque qui justifie à elle seule l’achat de cette galette. Après une introduction acoustique, le morceau se dévoile et apporte une ambiance proche de Pendragon en mode métal mais également des refrains rappelant Kansas ou Asia.
Ces influences reviendront sur les titres ‘Lost in your Memory’ et ‘The Mystery Show ‘, slows en puissance où Wilson se fait très doux et délicat. Seul "Autumn Red" ne parvient guère à captiver l'auditeur, tandis qu'à l'opposé, le grand final de "Siren Sky" et certains de ses aspects très "yessiens" déclencheront de fortes émotions grâce notamment à une orchestration magnifique qui permet au passage d'apprécier la production remarquable faite par le guitariste Karl Groom.
Les différents membres du groupe sont impliqués dans un réseau de grande envergure avec chacun des projets annexes. Pourtant cet album donne vraiment la sensation que le groupe aime à se retrouver et jouer ensemble. ‘For The Journey’ est un nouvel opus remarquable par un groupe qui l'est tout autant.