Entre 2010 et 2012, Frontiers a tenté d'imposer Issa, projet construit autour de la chanteuse norvégienne du même nom. Malgré 3 albums en autant d'années, le public n'a pas suivi et nous sommes sans nouvelle de la belle scandinave depuis 2 ans. Alors que l'AOR est en plein revival, et bien que l'écurie italienne possède en son sein aussi bien des groupes prometteurs (State Of Salazar, Vega…) que de vieux briscards confirmés (Night Ranger, House Of Lords…), Serafino Perugino persiste à promouvoir des projets montés de toutes pièces par des compositeurs quasiment attitrés à son label, comme c'est particulièrement le cas d'Alessandro Del Vecchio (Hardline, Three Lion, Place Vendôme…). Reprenant une partie du line-up qui épaulait Issa, et probablement sensible au succès rencontré par de nombreux groupes scandinaves dans le domaine du rock mélodique, Del Vecchio s'est tourné vers l'Estonienne Lenna Kuurmaa pour porter son nouveau projet dénommé Moonland.
Si la belle balte est une vedette dans son pays, que cela soit au niveau musical (elle faisait partie du groupe Vanilla Ninja) mais également pour ses talents d'actrice et de présentatrice d'émissions télés, les mauvaises langues ne manqueront pas d'affirmer que sa présence n'est qu'anecdotique, n'étant là que pour interpréter des compositions auxquelles elle n'a pas participé. Et effectivement, la question se pose quant à l'intérêt de tels projets, si ce n'est de viser un public ciblé, l'estonien dans le cas présent, afin de lui arracher quelques menues monnaies pour rentabiliser un produit préfabriqué au sein duquel les interprètes peuvent être interchangeables. Car quelle différence trouver entre Moonland et Issa ? Aucune à vrai dire ! Après plusieurs écoutes, il ne reste pas grand-chose à retenir d'un ensemble prévisible et aseptisé. Quoi que l'investissement de Lenna Kuurmaa semble encore plus inexistant que celui de la Norvégienne qui donnait au moins l'impression de s'approprier les titres qu'elle interprétait.
Point de ça avec l'Estonienne qui semble être en mode automatique, faisant le job sans y apporter le moindre supplément personnel. Ceci est d'autant plus frustrant que ses qualités vocales ne peuvent pas être remises en question et que son potentiel pourrait laisser espérer quelques belles envolées. Malheureusement, elle semble s'être mise au diapason d'un ensemble déjà phagocyté avant son arrivée. Seule la ballade 'Live And Let Go' semble avoir mérité son intérêt sans qu'elle réussisse à la sortir de la mélasse lénifiante dans laquelle elle s'enfonce à grands coups d'arrangements et de lignes de cordes. Par conséquent, il ne reste pas grand-chose à retenir d'un ensemble de 12 titres dont ressortent à peine l'introductif 'Heaven Is To Be Close To You', premier single faisant illusion quelques minutes, et 'Another Day In Paradise', dernier titre sur lequel l'équipe mise en place semble vouloir lâcher l'énergie économisée sur tout le reste de l'album.
La question se pose donc de l'intérêt d'encombrer le paysage AOR avec de telles productions formatées et sans âme, alors que les formations talentueuses sont actuellement légions dans ce domaine. En dehors d'un public estonien qui souhaitera probablement honorer sa vedette, et de quelques amateurs de guimauve en manque de sucreries industrielles, il est difficile de savoir qui pourra y trouver son compte. Ce n'est pas mauvais, c'est juste sans intérêt !