PAUL GILBERT: Stone Uphill Pushing Man (GUITAR HERO) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Paul Gilbert nous avait offert en 2012 un album de grande qualité. Vibrato célébrait en effet le retour d'un guitariste plus mature, plus classe encore et surtout ayant retrouvé cette petite étincelle de folie et d'autodérision qui avait marqué ses trois premières production solo.

En 2014, Paul se prend d'envie, comme nombre de ses compères avant lui, de reprendre de célèbres lignes de chant avec sa guitare. Choisissant celles qui lui semblaient les plus dynamiques mais pas forcement les plus célèbres (en atteste l'écrin de douceur 'Wash Me Clean' de KD Lang ) il s'entoure de Kenny Aronoff et son ami Mike Portnoy aux fûts pour enregistrer cet album de reprises instrumentales qu'il va parsemer de trois compositions originales.

Lancé à coup de 'Working For The Weekend' de Loverboy (on croirait une composition originale sous les doigts du guitariste de Mr.Big), "Stone Uphill Pushing Man" se révèle être un album sympathique à défaut d'être transcendant.
Dès le titre d'Aerosmith, on sent un léger flottement. Passé la surprise d'entendre une guitare reprendre les tours de forces vocaux de Steven Tyler, le titre se fait rapidement longuet et un passage assez fouillis ne viendra pas améliorer les choses. Manquant étonnamment de groove et de pêche malgré le talent indéniable des musiciens présents, il laisse une légère impression de précipitation. 'I Got The Feelin' à l'aspect très live jam voit le maître balancer de folles lignes de guitare dans une ambiance malheureusement un peu cheap. Une meilleure production et la présence de cuivres auraient sans doute fait de ce titre un très grand moment de Soul-Rock. Une fois de plus, si le plaisir est là, nous pouvions nous attendre à un meilleur résultat.

La reprise d'Elton John par contre, enrichie de clavier, est une totale réussite toute en retenue (sauf le solo bien entendu, c'est plus fort que lui) tout comme sa suivante 'Why Don't We Do It In The Road', autre titre au groove imparable des Beatles et dont la version instrumentale vaut son pesant de médiators. L'album reprend enfin de bon rails et les meilleures cartouches sont à trouver en fin d'album avec le 'Murder By Numbers' de Police, suffisamment alambiqué pour accueillir les folles élucubrations d'un Paul Gilbert qui se lâche totalement et le 'My Girl' popularisé par les Temptations ou Otis Redding. Ici encore comme sur le superbe 'Goodbye Yellow Brick Road' (en écoute ci-dessous), la mélodie vole la vedette à la technique, nous offrant grand moment de guitare.

Parmi les reprises instrumentales, on retrouve la composition 'Shock Absorber', Blues-Rock cher au monsieur, souvent interprété en live et dont la ligne principale suit celle du chant bluesy. A l'écoute de ce titre, sans doute le meilleur depuis le début de l'album, nous nous rendons bien compte que Gilbert n'a rien à envier niveau mélodie à ses ancêtres. Autre composition tout aussi délicieuse et vintage : 'Purple Without All The Red' décomplexée et décalée mais au feeling imparable (souvenez-vous de 'Six Billion People'). L'album s'achève sur le contemplatif éponyme aux allures de Work Song explosant à mi-chemin sous la voix bien grave d'un Gilbert aux anges, qui nous laisse au final une bien meilleure impression que durant les premières encablures.

Sans être vraiment anecdotique "Stone Uphill Pushing Man" semble un peu précipité et creux par moment pour un si grand artiste et peinera à trouver sa place à plein temps dans la discographie de ce guitariste hors pair. Et aux vues de la grande qualité des trois compositions présentes, il aurait été plus intéressant d'inverser la donne, faisant du meilleur de ces reprises le piment nécessaire à l'originalité d'un nouvel album complet.

PAUL GILBERT

STONE UPHILL PUSHING MAN

MASCOT LABEL GROUP

GUITAR HERO