Trois ans ont passé depuis 'The Brink', premier album d'Alternative 4, le groupe conduit par Duncan Patterson (ex-Anathema). Ce précédent opus avait retenu l'attention de la rédaction de Music Waves pour la noire simplicité de sa musique à fleur de peau. Pour 'The Obscurants', patterson s'est entouré de Simon Flatley (chant/guitare) et Mauro Frison (batterie) et de la même équipe technique pour une production similaire qui assoie l'identité musicale d'Alternative 4.
A l'instar d'un Antimatter ou de certaines productions d'Anathema (les chiens ne font pas des chats !), Alternative 4 construit une fois encore sa musique sur des bases atmosphériques fortes. Axées sur la sombre mélancolie d'arrangements minimalistes, les compositions de Patterson ne respirent pas la gaieté ni la joie de vivre mais elles restent très expressives puisqu'elles transmettent un flot d'émotions immédiates grâce à une justesse d'écriture et une sobriété dans l'interprétation. La sensibilité à fleur de peau, la mélancolie des mélodies et la simplicité des phrasés renforce encore l'aspect atmosphérique de l'ensemble tout comme la voix sensuelle et empreinte de tristesse de Simon Flatley.
D'un "Dina" enivrant de mélancolie à un "Lifeline" intimiste et personnel, en passant par un "Mr Black" au piano hypnotique, Patterson dresse un tableau triste et froid du monde actuel que l'auditeur ressent à chaque note. La basse, très présente, contribue elle aussi à la langueur qui se dégage de chaque note, berçant nos oreilles dans une douce mélancolie, maître mot de cet album. Les thèmes abordés, entre vision déformée de la réalité et noirceur des sentiments, collent parfaitement à l'ambiance musicale propice à la réflexion et l'introspection.
Cette capacité à transmettre des émotions, même si ce ne sont pas les plus joyeuses, est une des grandes qualités du groupe. L'album s'écoute d'une traite, laissant l'auditeur être balloté au gré des divagations mélancoliques tout au long de ses 50 minutes. Deux titres pourtant peuvent retenir l'attention. "Paracosm" tout d'abord, avec son intro en arpèges acoustiques à la Antimatter, ses longs développements progressifs (dans tous les sens du terme) et ses passages planants et sa guitare rythmique qu'on croirait tirée d'Animals, l'album le plus atmosphérique des Pink Floyd. Ensuite, "Closure" qui porte admirablement son nom puisqu'elle conclut brillamment l'opus, offrant un répit salvateur, une note d'espoir avec des arrangements electro rappelant étrangement le dernier album d'Anathema. Le final est lui aussi en rupture avec le reste de l'album puisque les guitares se font plus claires, apportant ainsi un peu de clarté dans toute cette noirceur.
Patterson écrit une nouvelle page de l'histoire du rock atmosphérique avec ce dernier album dont la mélancolie communicative respire le vécu. Moins expérimental que son prédécesseur, 'The Obscurants' n'est pas un album à écouter lorsque l'on est d'humeur maussade ou suicidaire au risque de basculer dans la dépression profonde. Par contre, il plaira à ceux qui aiment à se laisser bercer par des rêveries automnales guidées par des mélodies simples et lancinantes. Ce disque s'adresse aux fans d'Anathema, d'Antimatter ainsi qu'aux amateurs d'atmosphérique intimiste et inspiré.