Avec leur premier album éponyme, le supergroupe Flying Colors avait su séduire la rédaction de Music Waves. Un pari qui n'était pas gagné d'avance car l'association de grands noms du rock ne suffit pas à faire les bons groupes et la présence de Neal Morse au sein du combo risquait de le déséquilibrer, tant l'empreinte musicale du bonhomme est aisément reconnaissable dans tout ce qu'il entreprend.
Loin de ce que l'on pouvait craindre, "Flying Colors" était un album à la fois équilibré, mélodieux, varié et diablement séduisant. Tuons le suspense : "Second Nature", en reprenant les mêmes recettes, et même en les améliorant un peu, s'avère en être le digne successeur. On retrouve cette finesse et ce soin apportés aux compositions, fruits de la fusion délicate et intelligente des influences des cinq musiciens, et servies par une interprétation dont il est inutile de rappeler la qualité au vu du cursus des protagonistes. On est dans le haut de gamme !
L'album est délimité par deux longues ballades, le titre d'intro sous forme de suite symphonique et progressive traditionnelle alors que celui servant de conclusion est un enchaînement de trois hymnes à la mélodie cyclique. Entre ces deux bornes, le groupe nous promène de la ballade romantique au néo-métal, en passant par le hard rock, le folk, la pop et la variété américaine, sans pour autant que cet éclectisme ne vire au disparate.
Si quelques passages ne peuvent renier leur influence morsienne (l'introduction déliée de 'Open Up Your Eyes', le sentimental 'A Place In Your World' ou 'Searching For The Air', la seconde partie de 'Cosmic Symphony', ces deux titres étant d'ailleurs chantés par Neal himself) et raviront les amateurs de Spock's Beard et Transatlantic réunis, ils restent néanmoins suffisamment épisodiques pour ne pas contrarier ses détracteurs qui auraient tort de se priver de l'écoute de 'Mask Machine', spatio-métal de haute volée avec solo stratosphérique de guitare rappelant certains titres musclés de Muse, de 'Bombs Away', puissante ballade épique proche de Led Zeppelin, du cinématique 'Peaceful Harbor' aux nappes de claviers majestueuses et aux vocalises mélancoliques, ou encore des mélodies entêtantes de 'Cosmic Symphony'. Même le ventre mou de l'album, de 'The Fury Of My Love' à 'Lost Without You', trois chansons flirtant avec la pop guimauve et la grande variété américaine, a le bon gout d'être suffisamment charismatique pour s'écouter gentiment.
La musique est généralement puissante, orchestrale, mélodieuse, inventive, et telle un torrent qui emporte tout sur son passage. Si les musiciens jouent souvent tutti, le groupe n'hésitant pas à superposer les couches aux couches pour étoffer ses compositions, rendons hommage à la production dont la clarté permet de distinguer le travail de chacun même dans les passages les plus denses. Enfin, mention spéciale à Casey McPherson pour ses capacités vocales impressionnantes, tant par la chaleur des sentiments qu'il fait partager que par sa tessiture et sa puissance maîtrisée. Tout lui semble aisé, caméléon vocal osant l'exubérance d'un Matthew Bellamy, la pureté d'un Jeff Buckley et même crooner façon Sinatra.
Très riche musicalement et émotionnellement, 'Second Nature' est un melting-pot d'influences subliminales qui se retrouvent dans une musique mélodieuse et originale à laquelle on adhère sans peine.