Nous avions conclu la chronique du dernier album d’Amplifier sur des regrets et des craintes inspirés par le virage déstabilisant opéré après le chef d’œuvre "The Octopus". Fidèle à son habitude un EP intermédiaire, intitulé "Sunriders" est sorti peu de temps après "Echo Street", suivi d’un album live. Cet EP gardait nombres de couleurs présentes dans l’album dont il succédait mais sans indiquer de direction particulière à laquelle s’attendre pour un prochain album. Le mystère demeura entier jusqu’à l’annonce d’un "Mystoria" ( !) à la pochette décalée et intrigante.
Comme à son habitude Amplifier opère un virage serré d’un album à l’autre. Après l’épique et progressif "The Octopus", l’intime et atmosphérique "Echo Street", c’est un retour radical auquel nous invitent les mancuniens. Le côté direct, puissant et entrainant de "Mystoria" a plus à voir avec les deux premiers disques du combo, "Amplifier" et "Insider" et le grunge psychédélique et progressif des débuts s’est purgé de toute la matière superflue. Avec "Mystoria" la formule est plus alternative mais l’énergie transpire dans ces dix morceaux efficaces et mélodiques.
A côté des standards immédiats (‘Black Rainbow’ et ‘The meaning Of It’), stoner (‘Named After Rocky’), solaires (‘Cat’s Cradle’) et entêtants (le mid-tempo ‘Bride’), le groupe a encore peaufiné sa capacité à rendre passionnant un contenu en apparence simple (l’instrumentale ‘Magic Carpet’) et à poser des ambiances envoutantes (‘Open Up’, ‘OMG’ et le binôme final). La maitrise technique du groupe, éclatante dans cet exercice exigeant, se révèle à travers le rythme qui dépose le groove et l’effet psychédélique qui dessine le relief. Les qualités des chants participent aussi à la réussite de "Mystoria" avec un Sel Balamir en pleine possession de sa richesse vocale et des chœurs nombreux et dynamiques.
Avec ce "Mystoria" addictif, c’est l’Amplifier vintage et brute qui signe son retour en grande forme après un "Echo Street" moins inspiré et marquant la fin d'un cycle. La capacité à surprendre qu’a toujours cultivée la bande de Balamir fait encore la démonstration de son efficacité dans "Mystoria", un album de rock racé qui mise tout sur l'authenticité plutôt que sur la complexité.