Changement d’orientation chez Active Heed ! Du line-up de l’album précédent, ne subsiste que le chanteur Per Fredrik Åsly (PelleK). Umberto Pagnini qui reste à la base de la composition de tous les morceaux mais ne participe pas au projet en tant que musicien, a décidé de donner une orientation plus progressive à la tonalité de cet album (d’où le titre, “Higher Dimensions” ?).
Place donc à des morceaux plus longs et utilisant, avec un classicisme certain, toutes les recettes d’un progressif plutôt typé néo. On retrouve ainsi une prépondérance des mélodies sur les rythmiques (malgré quelques énervements métalloïdes sur les entames de ‘The War of Tempos’, ‘No Speed Limit’ ou ‘The Numbers of God’), une large utilisation des claviers en nappes, des breaks et changements de signatures multiples, pour un résultat très accessible mais ne sortant pas des carcans du genre.
Pas de grosse surprise à attendre donc tout au long de cet album. Les amateurs retrouveront des touches de hammond assez emersonniennes ('Not Left, Not Taken'), une utilisation du mellotron sur une trame inquiétante qui pourrait rappeler le ton des premiers Arena ('Crop Squares'), des variations de claviers qui ne dépareilleraient pas chez Genesis ('No Speed Limit') ou Camel (‘War of Tempos’), des sonorités très classiques entendues chez d’autre groupes de RPI comme PFM ('Not Left, Not Taken') ... En piochant des bribes de style chez d’aussi prestigieux mentors, Active Heed se retrouve dans l’esprit de certains groupes comme Hangover Paradise ou NoName (TNNE), avec une critique sous-jacente : ces groupes ne faisaient que paraphraser leurs aînés, avec une possible tendance à la redite.
Tout cela n’est donc pas désagréable et bien joué malgré une performance moyenne du chanteur. En forçant le trait et en accumulant les tics vocaux “à la mode” (accroches d’entame, terminales traînantes voire soufflées, vibrato maniéré), Per Fredrik Åsly est à la limite de l’exagération vocale. Ce n’est pas rédhibitoire, mais cela attire suffisamment l’oreille pour procurer sur la durée un sentiment d’agacement.
C’est probablement la seule faute de goût de cet album bien produit mais quelque peu conventionnel, au point que les détracteurs du néo-progressif pourront crier à la caricature. L’avantage du style est de rester constamment accessible et facilement écoutable mais sur la durée, le plaisir risque de demeurer plus limité ...