Tout d'abord, évitons tout malentendu. Si vous avez déjà entendu parler d'Umphrey's McGee ou glané ici ou là des renseignements sur Internet, vous devez probablement vous attendre à entendre une musique exigeante puisque que le groupe est réputé pour ses longues improvisations progressives.
Avant d'écouter "Similar Skin", oubliez tout ce que vous avez pu lire ou écouter. Foin de progressif ici, et encore moins d'improvisations (j'en vois qui se sentent soulagés !). Le groupe a sciemment décidé pour son huitième album de se concentrer sur un rock plus direct et plus accessible. Pour ce faire, il a compilé de nouvelles compositions au format délibérément orienté couplet/refrain/pont à des titres plus anciens oubliés au fond d'un tiroir en attendant des jours meilleurs, auxquels sont venus s'adjoindre quelques morceaux joués en live raccourcis et simplifiés par amputation de toutes les digressions superflues les éloignant d'un format FM.
De ce travail naquit "Similar Skin" aux onze titres (+ deux bonus) qui ne s'éloignent jamais d'un rock musclé façon Linkin Park ou d'un hard rock des bonnes familles rappelant tour à tour Black Sabbath, Kiss ou la musique plus racée de Led Zeppelin. Les afficionados de la six cordes se délecteront des nombreux solos qui parsèment ce disque, et les adeptes de son lourd des riffs omniprésents ainsi que d'un couple basse/batterie particulièrement percutant. Si les claviers ne sont pas totalement absents, ils se retranchent souvent derrière une barrière d'accords joués avec l'énergie du désespoir qui sied à ce style musical. Quant au chant, il ressemble le plus souvent à celui d'Andy Powell (Wishbone Ash), une voix douce et bien timbrée sans caractéristique particulière.
Entre le Daniel Powter-like 'No Diablo' et le sombre et haché 'Educated Guess', chaque titre s'appréhende aisément, phénomène lié au format "chanson" et à un sens de la mélodie évident. Signalons quand même l'originalité de 'Similar Skin' à la structure moins linéaire, né du collage de deux improvisations auxquelles Brendan Bayliss a ajouté un refrain, sonnant comme un vieux Led Zep, et de 'Bridgeless', le titre le plus long de l'album, très largement instrumental, et qui se rapproche plus de ce que fait Umphrey's McGee en concert.
Initialement, le groupe tenait à ce que l'album se termine sur ce titre. S'il est représentatif de leur activité scénique, il ne l'est assurément pas du contenu de l'album et laisse l'auditeur sur une impression mitigée. Fort heureusement, il existe une version bonus allongée de deux titres. Si 'Room Of Breathe' est un hard rock honnête qui s'écoute, 'Morning Song' est peut-être le meilleur titre de l'album, évoquant une fois de plus les mânes du grand Led Zeppelin, et constituant une bien meilleure conclusion pour cet album.