Groupe italien créé en 2001, Accordo Dei Contrari tire son nom des goûts musicaux différents nourris par chaque membre de ce quatuor dont l'ambition est de justement tirer profit de ces disparités pour les fusionner dans une musique ainsi diversifiée. "AdC", contrairement à ce que son titre pourrait laisser supposer, nombre de groupes nommant leur premier album de manière éponyme, est en fait leur troisième production après "Kinesis" (2007) et "Kublai" (2011).
Si vous n'êtes pas adepte des trips musicaux donnant libre cours à l'imagination, la virtuosité et le sens de l'improvisation de ses interprètes, vous pouvez arrêter là votre lecture, ce disque n'est pas fait pour vous. Accordo Dei Contrari joue en effet un jazz-rock/progressif/fusion largement improvisé où les trames mélodiques coulent en flots continus sans couplets ni refrains ni même rappels de thèmes. Il faut donc être réceptif à ce genre d'exercice où le plaisir naît des images ou impressions qu'évoqueront cette succession de notes selon la sensibilité de chacun.
S'il n'y a pas à proprement parler de dissonances, la musique se révèle parfois anguleuse et inconfortable, mais reste le plus souvent fluide et harmonieuse. Basse et batterie tissent une armature solide sur laquelle guitares et claviers tantôt soliloquent à tour de rôle, tantôt rivalisent dans des duels homériques. Les doigts courent sur les instruments, les moments de bravoure sont nombreux mais "AdC" n'échappe à la loi du genre : la progression des thèmes par boucles successives génèrent quelques longueurs et les accélérations subites de tempo laissent parfois l'impression que le groupe essaye de compenser ainsi de petites baisses d'inspiration.
La plupart des titres sont enlevés, plongeant l'auditeur dans un tourbillon sonore contredisant quelque peu l'intention du groupe de diversifier sa musique de ses goûts divergents. Seules l'introduction RIO de 'Seth Zeugma', l'incursion dans le space rock/psychédélique de la première moitié de 'Tiglath' et la douceur du classicisme contemporain de 'Piu Limpida e Chiara di Ogni Impressione Vissuta, Part 2', grâce à l'ajout d'un violon et un violoncelle, introduisent un contraste bienvenu mais parcimonieux.
Bien exécuté dans le style musical qu'il représente, il faut néanmoins être adepte de ce type d'exercice pour apprécier cet album sous peine de rester sur l'impression que les musiciens se font plaisir en oubliant de temps en temps l'auditeur au bord du chemin.