Bastard Feast est une formation en provenance des states qui propose une musique rageuse aux influences variées. Le groupe se situe à équidistance entre la rage, le bordel, la contestation du punk, la violence du death, la pesanteur poisseuse du doom et la vélocité du thrash.
Si le premier contact est assez éprouvant et peut provoquer un certain rejet, quelques écoutes pourront changer la donne. La formation est guidée par des guitares habillées d'un son sale et très saturé au grain épais et chaud. Elles construisent des riffs carrés, tranchants mais assez simples. Les soli sont peu nombreux et c'est peut-être la facette de ce groupe qu'il faudra oublier rapidement : même si ils sont déconstruits, dissonants et rapides, on ressent un certain flottement dans leur mise en place... La batterie est rapide et conserve une certaine raideur mortuaire. Quant à la voix elle vomit sa haine et crache son venin.
L'inattendu survient avec des titres comme Bloated City, des instants violents portés par un esprit punk (The Rats Through Our Veins ou Claustrophobic of This World) et quelques passages furieux digne du bon vieux thrash des familles. La surprise ultime vient également du dernier morceau au tempo ralenti, très inspiré du doom grâce à des arpèges ultra-saturés.
Osculum Infame est une oeuvre ambivalente qui souffle le chaud et le froid. La production est faible et même à la limite de l'acceptable pour un disque actuel, le niveau technique est moyen, notamment sur les quelques soli plus que dispensables et pourtant le disque se transfigure au fil des rotations sur la platine... On y découvre un groupe hargneux qui construit des ambiances mystérieuses, faites de brume et de larmes (Synthetic Messiah). Un album malsain qui choque autant qu'il attire.