Inutile de tourner autour du pot, de s'égarer en vains préliminaires : cela fait longtemps que nous n'avions pas pris autant de plaisir à écouter ce genre d'album. Ce "Mechanical Tides" - première saillie longue durée après quelques miettes obligées - est de ces albums dévastateurs à la défloration douloureuse et sanglante.
A la croisée du grind survolté et d'un hardcore sauvage, les Anglais y assènent pendant près de trois quart d'heure une violence aussi poisseuse que pesante, magma malfaisant bouillonnant d'une haine épidermique. Le résultat est effrayant.
S'il fonce souvent pied au plancher, faucheuse avalant les cadavres à un rythme démentiel via des titres au format très court ('Father Tongue'), le groupe n'a toutefois pas peur de serrer le frein à main quand il le faut, brisant une rapidité qui sans cela aurait semblé plus monotone.
Et outre le fait que ce sont vers ces rampantes perforations que va naturellement notre préférence, à l'instar de 'Blood Harmony' ou 'Closet Casket', la noirceur brutale et corrompue de ce galop d'essai ne se trouve jamais altéré par ces lourds aplats. Bien au contraire puisque "Mechanical Tides" y puise sans doute ses instants les plus terrifiants. Seule (relative) pause, unique pale rai de lumière, 'Admit Defeat' surprend par son chant clair comme venu d'ailleurs et tranche radicalement du reste de l'album dominé par des vocaux hurlés crachant une bile fielleuse.
Que dire d'autre à propos de ce disque dans son genre, parfaitement maîtrisé, ce dont on se doutait déjà, Season Of Mist n'ayant pas l'habitude de signer des groupes de troisième zone ? Rien si ce n'est qu'on en sort lessivé, à genoux et néanmoins prêt à tendre l'autre joue en bon masochiste aimant prendre des coups. "Mechanical Tides" a quelque chose d'un venin, d'une gangrène vicieuse qui corrompt aussi de l'intérieur. C'est notre perte qui se profile au bout du chemin, sans aucun espoir de retour ou de rédemption...