Bien qu’il soit annoncé comme le premier album de Nothing More, l’album éponyme qui fait grand bruit en ce début d’été est le deuxième opus de cette jeune formation texane. Une bonne partie de la presse spécialisée s’est en effet emballée pour le métal alternatif du quartet qui, du propre aveu de son chanteur-batteur dans l’excellente interview de Struck, cultive une mentalité toute progressive. Il n’en fallait pas plus pour passer "Nothing More" au crible.
Les amateurs de métal alternatif puissant, mélodieux et laissant de larges places aux ambiances synthétiques sont gâtés depuis quelques années. A la longue liste des groupes à fort potentiel s’ajoute Nothing More qui condense tous les éléments qui font le succès de cette musique. La première partie du disque, qui se conclut par l’interlude ‘Gyre’, donne le ton avec ce qu’il faut d’effets electro, riffs incandescents syncopés et refrains entêtants. Ne voulant jamais basculer dans une direction plutôt qu’une autre, Nothing More contrôle sa rage, dose sa production de fréquences basses et maîtrise sa débauche polyrythmique.
En plus du métal alternatif aux couleurs neo-métal qui irrigue la majorité de l’album, "Nothing More" explore aussi le rock plus léger (‘First Punch’ et ‘Here’s To The Heartache’), le mid-tempo énervé (‘I’ll Be Ok’) et la fibre progressive que nous évoquions en introduction. Placé en avant dernière position, juste avant les dix minutes d’un ‘Pyre’ ennuyeux dont ils auraient pu faire l’économie, ‘God Went North’ est visiblement plus chargé émotionnellement et plus complexe dans son développement. Les qualités des musiciens et du chanteur Jonny Hawkins s’exposent particulièrement dans la nuance de ce titre riche et personnel.
Quintessence des 60 titres composés pour l’occasion, "Nothing More" est un pavé de 70 minutes qui évite la lassitude de justesse grâce à une diversité bien assurée. Pouvoir tenir en haleine sur la longueur avec des titres tous dignes d’intérêt est une performance qui donne la mesure de leur talent. Avec cet album très réussi, Nothing More s’installe solidement dans un peloton de tête très disputé.