En 1981, trois frères italiens forment un groupe qu'ils baptisent Phoenix. Bien qu'actif pendant dix-sept ans, il ne laisse pas à la postérité d'enregistrement digne de ce nom. A la mort du chanteur, Claudio Lorandi, les deux frères survivants augmentés de nouveaux membres de la famille ressuscitent le groupe sous le nom de Phoenix Again et entreprennent d'enregistrer leur ancien répertoire afin de lui rendre hommage. Un premier album, "ThreeFour", sort en 2011. "Look Out" est le second témoignage de ce Revival.
Ne vous attendez pas à entendre grand-chose de neuf sur cet album. Ce qui ne signifie nullement qu'il n'est pas digne d'intérêt. Simplement, la musique qu'on y entend ne fait pas preuve d'une originalité débordante et rappelle par bien des aspects celles interprétées par des groupes touchés par la célébrité. Et pas seulement de la sphère progressive, tels Marillion et Spock's Beard, mais souvent aussi venus du hard rock ou de sa périphérie, comme Deep Purple ou Wishbone Ash.
Il faut dire que la musique fait la part belle aux joutes guitaristiques et aux envolées de 6 cordes, jouées souvent sur un tempo soutenu et accompagnées d'une rythmique carrée et vigoureuse. 'Look Out' commence comme du Wishbone Ash et se poursuit comme du Hawkwind dans un space rock échevelé et improvisé. Le riff de guitare de 'The Endless Battle' est un plagiat mal déguisé de Deep Purple et 'Winter' vous réchauffe avec ses guitares virevoltantes et sa rythmique lourde. Tout aussi dynamiques mais plus néo prog, 'Oigres' est d'une fluidité à la Spock's Beard, avec un break accordéon/guitare acoustique inattendu. 'Invisible Shame' est le seul titre chanté de l'album. Interprété par le défunt Claudio', les parties vocales sont prévisibles mais le pont musical sauve le titre de l'ennui.
Dans un registre plus calme, 'Summer' égrène une mélodie fantomatique au synthé, perlée d'une douce dentelle d'arpèges de guitare et de notes cristallines de piano. L'aérien 'Dance Of Three Clowns' entrelace flûtes, violons et guitares dans une danse médiévale. Enfin 'Adso Da Melk' enchaine les thèmes accrocheurs dans des registres prog, fusion et space-rock, jouant sur l'alternance acoustique/électrique, solo/tutti, lent/vif. Intelligemment placé au début de l'album, il est une brillante entrée en matière qui ne reflète malheureusement pas le reste d'un disque plus conventionnel.
Avoir tiré des abysses de l'oubli ces quelques titres n'était pas indispensable à la grandeur de la musique. "Look Out" s'écoute cependant sans déplaisir, les thèmes fédérateurs qui coulent naturellement supportant sans trop de dégâts les quelques petites baisses d'inspiration ou d'intensité.