Metal et cinéma de genre (SF, horreur...), l'addition n'est pas nouvelle, comme si ces deux-là étaient faits pour se rencontrer. Parmi les derniers rejeton de cette union, nous trouvons The Scintilla Project, fièrement vendu comme le nouveau joujou de Biff Byford, qu'on ne vous fera pas l'affront de présenter. Ce qui au départ ne devait se limiter qu'à une seule chanson, glissée au milieu de la B.O. du film "Scintilla" (des mercenaires affrontent dans des tunnels des créatures issues d'un laboratoire secret), réalisé par Billy O'Brien a finalement abouti à l'accouchement d'un album entier et à part entière, quoique toujours inspiré de cette pellicule.
Aux côtés du chanteur de Saxon, on repère notamment Andy Sneap, en charge des guitares et de la production. Que celle-ci soit puissante, écrin idéal à un Metal souvent extrêmement lourd, n'étonnera donc pas. C'est ce qui frappe d'emblée à l'écoute de cet opus aussi sombre que mélodique, qualités qui forcément ne sont pas pour déplaire à Byford, lequel trouve dans ce terreau à la fois moderne et heavy le combustible pour briller.
Et le vieux briscard ne déçoit pas, portant le disque sur ses épaules. Sans chercher à minimiser le travail de ses acolytes, reconnaissons que sa voix s'avère être la clé de voute de l'édifice. A la manière d'un bon vin, l'organe du dinosaure vieillit bien, plus pure et énergique que jamais, capable de faire la nique à bien des chanteurs actuels. Sans Biff, "The Hybrid" aurait-il la même force ? Il est permis d'en douter tant l'anglais propulse ces compos vers des sommets qu'elles n'auraient pas atteints sans lui.
Bien que les claviers se révèlent (trop) omniprésents, le menu évite heureusement de justesse la noyade dans le sirop pour toujours arborer une nerveuse efficacité qui emporte tout, bâillonnant les rares velléités plus doucereuses, à l'image de l'interminable ballade 'Some Nightmare', que sauve - encore une fois - le talent de Byford.
Notons d'ailleurs que la majorité de ces neuf titres dépasse les cinq minutes au compteur, enrobant le programme d'une dimension épique sinon vaguement progressive ('Permanence'). Parfois rapides, ces morceaux privilégient donc les mid-tempo bien plombés, dans lesquels l'album puise donc ses meilleures cartouches telles que 'Angel', l'immense 'Beware The Children' au superbe refrain ou encore 'Scintilla (One Black Heart)'.
A l'arrivée, cet essai tient toutes ses promesses, propulsé par un Biff Byford en très grande forme, théâtre d'un metal sombrement puissant bien que toujours mélodique. Du coup, à la base projet éphémère, on souhaiterait que ses auteurs n'en restent pas là...