Après l'enregistrement d''Un peu de l’âme des bandits'', Aksak Maboul fusionne avec Les Tueurs de la Lune de Miel. Le groupe ayant tourné sous les deux noms, sans s’arrêter sur un patronyme unique, il est possible de considérer cet album autant comme un nouvel album des uns que des autres.
L'orientation de cet opus penche plutôt en faveur du premier groupe. On retrouve des reprises extravagantes, la formation n’hésitant pas à brasser dans la musique populaire, en détournant Sheila ('L'heure de la sortie' dans une version robotique), France Gall ('Laisse tomber les filles', chantée par Véronique Vincent de façon punk) et Charles Trenet ('Route Nationale 7'). Cette dernière chanson deviendra un tube européen qui vaudra au groupe de faire la première page du NME (New Musical Express, pourtant allergique a tout ce qui est francophone). La reprise évoque les vacances, la bonne humeur mais le clip révélera que pendant le break au synthétiseur, le chanteur assassinera Véronique Vincent...
Car derrière la bonne humeur apparente se dissimule une face un peu plus glauque. Une chanson d'apparence innocente 'Histoire a suivre', nous conte a travers sa voix d'enfant, et sa ligne de basse prodigieuse, une histoire déçue de prince charmant tandis qu'Yvon Vromman pousse des cris d’étranglement. 'J4' pourrait également n’être qu'une situation délirante impliquant un homme qui supplie une femme grossière de descendre de son arbre en lui promettant monts et merveilles si l'on ignore que la J4 peut faire référence à la camionnette avec laquelle des 'vieux dégueulasses' enlèvent des petites filles…
L'empreinte d'Aksak Maboul se retrouve a travers la construction des chansons qui dépouillent la pop de ses oripeaux, de manière assez ludique tout en visant l'éclectisme. La première piste, 'Flat' sous son chant énervé mêle chanson française (un rappel de 'Le rouge et le noir' de Claude Nougaro), une ligne synthétique, un chant tyrolien et un solo de guitare démentiel. Crammed Discs (dirigé par Marc Hollander) a ajouté des lives qui nous plongent directement dans l'album précédent et font la part belle a la dissonance ('Truc turc'). L'album compte également non pas des reprises en anglais, mais des commentaires des chansons en anglais notamment sur 'The Lady and the Pig Men.
Massacre intemporel, ''Les Tueurs de la lune de miel'' sonnera paradoxalement le glas des deux formations : Véronique Vincent collaborera plus tard avec Marc Hollander sans pourtant ressortir un nouvel album, tandis qu'Yvon Vromman mourra prématurément.