Creation's End est une formation metal prog venue des States dont les musiciens semblent vouloir se concentrer sur la partie metal de ce genre en livrant des rythmes percutants qui donnent envie de secouer la tête. Pour leur second album, la formation a mis les petits plats dans les grands pour proposer des compositions de haute volée, servies par une musique complexe, pleine de rebondissements, de mesures impaires et de six-cordes techniques.
La séduction auditive opère dès le premier morceau ('Ohm'). Après cette mise en place classieuse, le groupe passe par des schémas rythmiques tranchants ('The Chosen None'), des introductions atmosphériques ('This Heart'), des voix robotiques rappelant "A Pleasant Shade of Grey" de Fates Warning ('Part Of You'), des instants presque contemplatifs à la mise en place rythmique souple et tranquille ('Surrendered', 'Singularity'), des guitares techniques à l'expressivité hors du commun et à la large palette de jeu ('Bring to Life') et une multitude d'autres couleurs où la mélodie est le point d'orgue.
On croirait presque entendre le nouvel album de Toxic Smile sur 'All I Have'. Le titre commence par une rythmique asymétrique qui lorgne vers du Leprous. Puis, la composition évolue, la rythmique se déploie, la voix occupe l'espace et la guitare délivre des envolées lyriques grandiloquentes soutenues par un phrasé technique : un peu de sweeping par ici, du speed picking par-là, un vibrato ample et des descentes de manche à cent à l'heure. On perçoit d'ailleurs de fortes influences dans les envolées mélodiques de la guitare qui pourrait figurer aux côtés de Stefan Lill (Vanden Plas). Quant à la voix, puissante, rocailleuse, elle pioche chez Fates Warning et nous replonge dans les grandes oeuvres du fantastique Ray Adler.
La galette se dévoile au fil des écoutes, libérant des saveurs inédites et une personnalité unique. Ainsi, même si la première rotation laisse planer un doute, les suivantes le dissipent vite et révèlent des couleurs resplendissantes. "Metaphysical' est un disque suspendu dans l'espace et dans le temps, une rondelle qui même si elle ne dépoussière pas le genre, invoque en son sein les grands du prog' pour un festin jouissif. Alors, sur des compositions belles et parfois majestueuses, planent les empreintes de Vanden Plas, Dream Theater, Fates Warning et de bien d'autres...