Look To Windward est initialement un projet bicéphale géniteur d’un EP inaugural qui a nourri "Fortunes Haze", un premier album époustouflant en 2010. Les deux néo-zélandais Andrew McCully et Benjamin Morley, uniquement guidés par la passion de la musique, ont fait du don une vertu cardinale avec la pure offrande de leur impressionnante créativité et la mise à disposition gratuite de tous leurs travaux. Après le colossal "Fortunes Haze" Look To Windward s’est incarné totalement dans la personne d’Andrew McCully et est resté silencieux jusqu’à la sortie du sublime titre ‘Superluminal’ au printemps 2013. Ce n’est pas un album que Look To Windward nous offre en cet été 2014 mais quatre titres d’un mini-album appelé "Kepler".
Les grands développements, de la pop acoustique au post-rock le plus éthéré en passant par les effusions rageuses, qui structuraient et pouvaient parfois décourager l’écoute appliquée de "Fortunes Haze" sont atténués pour ne garder que les idées justes. Ces évolutions ont un effet bénéfique sur l’expression émotionnelle la plaçant cette fois-ci immédiatement à portée d’oreille. Le Look To Windward de 2014 conserve ses fortes parentés avec la puissance décomplexée de Devin Townsend et la densité technique et ténébreuse du Haken d’"Aquarius". S’y ajoutent des dissonances à la Cynic (‘Dwell’), des réminiscences tourmentées d’Ihsahn (‘Glint’) ainsi que des saillies vibratoires coutumières de Pain Of Salvation (le pont de ‘Mantle’).
"Kepler" est une continuité de l’univers torturé de "Fortunes Haze" avec une redistribution des symboliques qui s'expriment. Si toute la négativité est portée par les textes, quelques rais d’une lumière éblouissante, qui transperçait difficilement la noirceur suffocante d’antan, donne une couleur plutôt positive à l’ensemble harmonique de l’album. Les nombreuses incursions de cuivre et de violons participent de cette luminosité qui jette un jour nouveau sur l’épais brouillard qui règne. Mais c’est sans doute la voix de miel d’Emily Rice qui impose son caractère solaire à ce "Kepler" court mais intense. De plus, le choix d’un panel de chants et de chanteurs tous très différents ajoute une dimension supplémentaire à cette logique mélodique implacable (‘Kepker’).
"Kepler" recueille la quintessence de la créativité de McCully dans un format court qui permet une cohésion totale entre les morceaux. A travers Look To Windward Andrew McCully exprime une sensibilité artistique communicative qui dépasse les frontières de la seule musique et dont le visuel lié à "Kepler" est un des éléments. Look To Windward fait partie de ce qui se fait de plus réjouissant en terme de métal progressif depuis près de 5 ans et ces quatre titres, par leur force et leur créativité, en valent plus que la discographie complète de bien des groupes officiant dans cette spécialité.