Aidé par de petits labels passionnés, tel que Kozmik Artifactz par exemple, par des fans fidèles à la dévotion sans bornes et par tout un maillage de concerts à travers l'Europe, le stoner a plus que jamais le vent en poupe aujourd'hui, essaimant un peu partout.
Ainsi, la Grèce abrite également des fumeurs de pipe à eau, parmi lesquels 1000Mods, formé en 2005 et remarqué il y a trois ans grâce à l'excellent "Super Van Vacation" produit, excusez du peu, par le gourou de la console velue et burnée, Billy Anderson, nom prestigieux et bien souvent gage de qualité. Rondelle gorgée de riffs fuzzy, suant par tous les orifices le Rock avec un grand R, humide et crasseux, psyché et jouissif, nous étions forcément nombreux à attendre le successeur de ce prometteur galop d'essai, persuadés que les gars ne pouvaient de toute façon pas décevoir. Dont acte.
"Vultures" est là, prêt à titiller les muqueuses. C'est à une véritable leçon de stoner fiévreux à laquelle nous convie pendant près de quarante minutes la quatuor. Lourd et remuant, propulsé par des guitares riche en calories, 'Claws" fait office d'idéals préliminaires mais le meilleur est pourtant à venir, dès ce 'Big Beautiful' dont l'entame rageuse n'est pas sans évoquer le Blackmore des années 70 le plus acéré.
Meilleur car nuancé, blues aussi entêtant que déglingué ('She' où brille de mille feux le chanteur Dani) par ici, montée en puissance orgasmat(r)ique par là ('Low'). Meilleur car plus lent et porté sur les ambiances, le groupe misant davantage sur le frein à main que sur la pédale d'accélération, sur les tempo graisseux pataugeant dans l'huile de vidange ('Modesty').
Et plus "Vultures" s'achemine tranquillement vers sa conclusion plus il décolle vers des sphères embrumées, chemin de Katmandou qui culmine avec le gigantesque et bien nommé 'Reverb Of The New World', piste quasi instrumentale de presque 7 minutes où basse généreuse, volutes psychées et guitare noyée sous les effets commencent par tricoter des instants comme suspendus dans un entre-monde. Puis avec le réveil des percussions, le titre largue les amarres pour une dernière partie du feu de dieu, point final jubilatoire d'un album réussi bien que légèrement inférieur à son aîné car plus rugueux et sentant moins le désert.