''Shadow to Shadow'' est une relecture du célèbre best-seller ''Frankenstein'' de Mary Shelley selon une perspective différente. Dean Madonia, son auteur, a choisi le point de vue du monstre pour plonger l'auditeur dans les méandres de cette fameuse expérience scientifique. Ce nouvel éclairage va t'il s'accompagner d'expérimentations auditives inédites?
Découpée en deux CDs, l'oeuvre dans sa première partie nous permet d'appréhender la charpente du projet. Les pistes se succèdent en alternant des pistes courtes dans lesquelles une voix féminine lit des extraits du livre ('The pale student', 'Frightful fiend'), des ballades assez mélancoliques ('The living proof', 'Trusted friends' avec son piano qui rappelle certains morceaux calmes de Van der Graaf Generator), des morceaux rocks un peu plus enlevés ('What I believe') et des morceaux développant des atmosphères inquiétantes en accord avec le thème choisi ('Chimera' et son crescendo de percussions, 'Alive anew' proche du rock industriel avec une interprétation vocale profonde). Les amateurs de progressif apprécieront 'The Spark of life' et son double mouvement pop-reggae ou 'Running from the moon' qui voit se succéder soli de guitare et de synthétiseurs.
L'album entretient des atmosphères souvent oppressantes mais semble les délaisser en cours de route, donnant l'impression d'une absence de maîtrise du genre. Les riffs hard se succèdent mais ne conduisent nulle part ('He calls me'), et les ballades s'accumulent desservant la progression rythmique ('When he plays his guitar' qui aurait dû ouvrir l'album). Le chant parfois fade se fait assez démonstratif comme dans les comédies musicales où le chanteur commente son action ('Let me in').
Et malheureusement, on retrouve dans le deuxième CD quasiment tous les défauts cités plus haut. Tout n'est pas jeter, un riff fait parfois tendre l'oreille ('Murdering Elizabeth' et sa guitare proche de Carlos Santana), un accordéon offre un peu de fraîcheur ('Letters from home' et 'Fool's gold') et une atmosphère correspond bien aux intentions de l'auteur ('Into the white' et son oppressante atmosphère immaculée'), mais l'ensemble est trop mou et pas assez original pour conserver l'attention de l'auditeur sur la longueur.
Semi-échec malgré des intentions louables, ''Shadow to shadow'' aurait mérité un traitement plus court, réparti sur un seul CD, quitte à proposer un cd bonus. L'écoute de cet album est difficile à digérer d'un seul coup, ce qui est dommage, car certaines chansons pourrait rivaliser avec celles ayant droit de passage sur les ondes.