A sa manière, puissante et décomplexée, Franckie IV Fingers illustre bien le lien qui existe depuis toujours entre grunge et stoner, soit les deux faces d'une même rondelle où le riff est roi, deux (des) enfants bâtards de dieu le père, le Sabbat noir.
Venant de Montpellier, le quatuor revient nous rendre visite avec une seconde cuvée dont les apparats constituent déjà de justes indices quant à son contenu. Sobre et direct, fun et décontracté tels sont ainsi les qualités qu'imposent d'emblée aussi bien son titre, dans la bonne tradition du genre, que sa pochette sur laquelle figure un bambin avançant sur la plage, une planche de surf sous le bras.
Le son est à l'avenant, recette aussi séduisante que maîtrisée à base de Rock suffisamment lourd pour montrer les crocs et suffisamment racé pour faire miauler les filles de plaisir. C'est ce qui fait la force de cet opus mais peut-être aussi sa (relative) faiblesse, collection irrésistible de brûlots tous plus imparables les uns que les autres, (trop) calibrés pour moissonner un public avide de chaudes et humides décharges électriques.
Le groovy, 'Always', le lent 'Deadly Silence', 'Bloodties', rapide et remuant, 'Killing Dreams' et son arôme bluesy... N'en jetez plus, la liste est longue de ces hymnes taillés pour les scènes enfumées qui sentent la bière et la licence. Tout est en place, les gars jouent bien, très bien même, notamment le guitariste Frizman qui nous gratifie de lignes du feu de dieu ('Let Me Down Again'), ça s'enfile sans peine dès la première écoute en nous dispensant de longs préliminaires.
Bon mais d'où viennent les grumeaux alors ? De ce léger manque de folie en fait. De surprise peut-être bien aussi. Trop lisse, trop propre même, "Volume II" ne quitte jamais les rails sur lesquels il est posé, ce qui lui permet de conserver tout du long une égale réussite mais le prive un peu de ce petit quelque chose d'indéfinissable, de crasseux et d'incontrôlé qu'on aime tant trouver sur ce type de galette.
Au final, Franckie IV Fingers est plus rock que stoner, plus grunge également. Reste en définitive un album hyper carré et immédiat, aux faiblesses toutes relatives et capable d'embrasser un large public.