Doug Pinnick n’a jamais été l’homme d’un seul groupe même si King’s X demeure sa priorité. King’s X restant en sommeil depuis six ans (à cause notamment de la maladie de Doug et Jerry Gaskill) le texan peut s’adonner librement à ses travaux annexes dont un récent album solo "Naked" en 2013 et son trio Pinnick Gales Pridgen. Peu de temps avant de sortir le deuxième opus hard-blues de ce PGP, la surprise fut grande d’apprendre l’existence d’un autre trio beaucoup moins prévisible. KXM est la réunion du bassiste-chanteur avec Ray Luzier, batteur de Korn, et du guitar-hero George Lynch de Lynch Mob. Les trois musiciens, dont l’entente et l’admiration mutuelle ont failli inspirer le nom de groupe Mutual Admiraton Society, ont tous trouvé une fenêtre très étroite de dix jours pendant laquelle ils se sont réunis en studio pour accoucher d’un album éponyme forcément né sous le signe de la spontanéité et de l’énergie rock.
L’hyperactivité de Doug Pinnick est une chance et un excellent palliatif au mutisme prolongé de King’s X car son charisme et sa patte vampirisent toutes ses participations. Il en est de même de "KXM" qui est l’album qui se rapproche le plus de King’s X avec le supplément technique en plus. La virtuosité instrumentale du trio saute aux oreilles dès l’ouverture avec le titre ‘Stars’, qui fusionne le métal et le tribalisme rythmique ainsi que le hit ‘Rescue Me’ qui montre toute la science du son de Lynch. Les séquences instrumentales comme celles de ‘I’ll Be Ok’ ou de la jam-session ‘Tranquilize’ apportent la nuance d’originalité du groupe par rapport à une copie carbone de King’s X.
Pour le reste c’est le festival Doug Pinnick qui s’exprime dans les riches chœurs (‘Gunfight’, ‘Love’), les riffs gorgés de groove (‘I’ll Be Ok’, ‘Burn’) et les mélodies entêtantes (la ballade ‘Never Stop’). Pour un disque enregistré relativement rapidement, la complicité du trinôme et le degré de finition sont impressionnants. Les arrangements des voix (‘Faith In A Room’), les variétés des sons utilisés (‘Do It Now’) et des harmonies composées doivent nécessairement beaucoup à l’expérience des trois compères mais le travail du très prometteur ingénieur du son Chris Collier doit aussi être salué.
De ce pavé de plus d’une heure il n’y a pas beaucoup de matière à mettre de côté (à part peut-être le léger mid-tempo ‘Sleep’) ce qui démontre, s’il était encore nécessaire, la fertile créativité de Doug Pinnick. Après un révolté et surprenant "Naked" et avant la relative déception du deuxième volet de Pinnick Gales Pridgen, ce "KXM" est la dose de mélodie et de groove que tous les amateurs de Doug Pinnick attendaient.