Amis d'enfance, Rene Shades et Martie Peters avaient jusqu'à ce jour suivi des destinées musicales séparées, Shades officiant en tant que bassiste de Pretty Maids et Peters jouant les chanteurs (et occasionnellement les guitaristes) au sein du feu le groupe danois de hard rock Push ressuscité sous le nom de The Martie Peters Group. Ils ont décidé d'unir leurs talents sur leur premier album commun, "Let The Record Spin".
Si sur ce disque Martie Peters se concentre exclusivement sur le chant, Rene Shades se transforme en homme-orchestre : en plus de la basse, on le retrouve à la guitare, aux claviers, à la programmation de certaines parties de batterie ainsi qu'aux chœurs. Mais les deux hommes ont l'intelligence de ne pas vouloir tout faire seuls et s'entourent d'une myriade de musiciens aguerris ayant pour la plupart fait leurs armes auprès de Rod Stewart ou de Bryan Adams. Un choix moins anodin qu'il n'y paraît quand on a entendu chanter Martie Peters. Celui-ci a en effet un timbre semblable à ces deux rock stars, une voix cassée, un timbre voilé qui convient merveilleusement, allez savoir pourquoi, aux ballades rock.
Car n'attendez pas autre chose de cet album. Le duo danois interprète des chansons rock dont la seule ambition est de nous faire passer un bon moment. Pas de complexité, de sonorité tordue, de structure alambiquée, les titres adoptent tous un format couplet/refrain/pont musical des plus traditionnels, sauf l'instrumental 'Belfast Boy', parenthèse atmosphérique sans grand intérêt. Les compositions sont signées Shades et Peters, seuls ou en couple, hormis 'What's It Gonna Be' et 'Young Turks', reprises respectives d'un titre de Bryan Adams et d'un de Rod Stewart.
Rock FM ou soft rock, au choix, teinté parfois d'une pointe de musique country ('What's It Gonna Be' et son harmonica), d'AOR ('Strength Of You', un titre qu'Asia aurait très bien pu interpréter) ou de funk ('All The Time' et son brass band), les titres s’enchaînent sans fausse note et bénéficient d'une interprétation très professionnelle. Si le couple Martie Peters/Lena Finn sur 'The Flame' ressemble un peu trop au duo Jermaine Jackson/Pia Zadora et flirte avec la pop/grande variété à la Abba et si le refrain de 'Let The Record Spin' sonne un peu kitsch avec ses "boum boum let the record spin whoo hoo whoo hoo", il ne s'agit là heureusement que d'exceptions maladroites, les autres titres rappelant tour à tour America, les Eagles, Supertramp et bien évidemment Rod Stewart et Bryan Adams.
"Let The Record Spin" ne peut prétendre à l'originalité de quelque manière que ce soit. C'est juste un album de bon vieux rock, suffisamment éclectique et bien joué pour permettre à ses auditeurs de passer un agréable moment.