A de multiples reprises, nous vous parlions du rock/métal progressif d’estampille australienne dont le label Birds Robe se fait le média depuis quelques années. Un personnage incontournable de cette scène florissante est le très actif batteur Lucius Borich que l’on a pu entendre dans le réjouissant groupe COG mais aussi The Hanging Tree, Juice et Floating Me. Le touche-à-tout a décidé de s’écarter temporairement du progressif pour monter le projet de rock radical The Nerve avec Ezekiel Ox au chant (Mammal), Davarj Thomas à la basse (Pre-Shrunk Lucius Borich) et Glenn Proudfoot à la guitare. "Audiodacity" est le témoignage de cette rencontre fertile et créative qui, en moins de trente petites minutes, vient calmer le système nerveux de l’auditeur en manque de sa dose vitale de rock dur.
Avec "Audiodacity" nul espoir d’attendre des premières mesures qu’elles soient ambiancées et introductives d’un métal progressif ambitieux et épique. Bien au contraire le premier titre ‘14 Again’ est un crochet du droit comme seuls les trasheux savent le placer avec une rage qui donne déjà toute la mesure du talent d’Ezekiel Ox. Le reste du disque se détache de cette violence pure pour se caler sur une fusion entêtante bien plus modérée. Allant chercher son ADN chez les maîtres du genre, The Nerve affirme son art du rythme, du riff et du chant. Certains enchainements semblent tout droit sorti de l’esprit groovy de Nuno Bettencourt (‘Witness’, ‘There May Come A Time’ ou ‘Be Myself’) avec ce chant rappé cher à Rage Against The Machine et cette nonchalance brouillonne à la At The Drive In qui cadencent encore plus les morceaux (‘Poser’).
Délibérément direct sans jamais rogner sur l’exigence de la finition (les sons variés de guitare notamment) "Audiodacity" s’avale d’une traite. Impeccables dans la mise en place et l’exécution, les musiciens de The Nerve jettent tout leur talent dans ces neuf brûlots entêtants qui brillent pas leur sincérité et leur évidence. Même si la signature de Glenn Proudfoot est patente, impossible de retenir un nom plutôt qu’un autre dans cette cohérence affichée au point d’avoir le sentiment d’écouter un quartet rôdé par des décennies de musique collective.
Largement passé inaperçu des sorties de 2013, "Audiodacity" est pourtant une des plus intéressantes nouveautés fusion de ces derniers mois. Les membres de The Nerve ne sont pas aussi connus qu’un Mike Portnoy ou un Neal Morse mais cette formation a tout de l’équipe de rêve aux parcours riches et éclectiques. La seule chose que l’on espère est que "Audiodacity" ne soit pas la seule et unique expérience pour ce groupe qui a tout pour exploser dans les années à venir.