Après un hiatus de quatre ans, Transport League s'est reformé en 2009, retour scellé aujourd'hui par ce "Boogie From Hell" au nom particulièrement approprié, galette bien grasse à base de Stoner énervé qui sort les griffes plus que la pipe à eau.
Les plus vieux d'entre vous se souviendront que les Suédois comptent parmi les vétérans du genre usinant dans les années 90 deux albums de bonne mémoire, "Stallion Showcase" puis "Superevil". Emmené par le chanteur et guitariste Tony Jelencovich connu pour B-Thong et ses coups de main chez Fear Factory ou C-187, le groupe ne plaisante pas vraiment, conjuguant lourdeur pachydermique et technique affolante.
Encore que parler de Stoner à son endroit reste assez maladroit sinon restrictif. On y trouve bien ces riffs velus, cette rythmique de mammouth en colère mais, accouplés à des vocalises patibulaires ('A Pork Named Jack') et à quelques touches modernes ('Fight Back'), le style forgé par Transport League se révèle finalement assez difficile à identifier, ce qui est toujours un bon point.
Ce qui est sur en revanche, c'est que les Suédois envoient le petit bois, dynamo vivante moulinant des parpaings aussi heavy que remuants, comme l'illustrent le poétique 'Holy Motherfucker' ou 'Bitter Sand'. En trois quart d'heure, Transport League aligne onze brûlots nerveux et gonflés d'une humeur fielleuse.
Trapus, ces titres écrasent tout sur leur passage, creusant dans leur sillage un charnier trempé de sang. Si certains d'entre eux s'imposent plus que d'autres, citons notamment le tellurique 'Barabbas Venomous', 'Blood Inn', méfait survolté et rugueux proche des premiers Allhelluja ou encore"Boogie From Hell" qui possède surtout des allures de bloc de matière brute se dressant dans un ciel noir.
Aussi intense que puissant, ce cinquième album manque néanmoins quelque peu de nuances et de variété pour emporter totalement l'adhésion, (relative) réserve qui ne l'empêche pas de solder ce retour par une réussite certaine.