En 1985, The Moody Blues fait figure de revenant. Auteur du succès interplanétaire 'Night in white satin' sur son second opus et fer de lance du protoprog, le groupe a raté son envol et s'est toujours retrouvé à la lisière du progressif, tout en proposant une pop sophistiquée. L'album précédent, qui avait vu l'arrivée en renfort de Patrick Moraz (jeté comme un malpropre de Yes une décennie plus tôt), avait été un échec malgré le potentiel commercial de 'Blue World' ou 'Running Water'.
Le groupe décide alors de s'entourer du magicien Tony Visconti, producteur attitré de David Bowie. Ce dernier, en accord avec le groupe, choisit de donner à ses compositions une orientation plus moderne au style synthpop. Ce résultat a pour conséquence d'amoindrir le rôle de Ray Thomas, comme symbole du passé du groupe (il ne participe même pas au tube du groupe 'In your wildest dreams').
Cette nouvelle politique créatrice va porter ses fruits, et le groupe va être pris au dépourvu après le succès du single 'Your wildest dreams' qui intégrera le Top 10 américain et dont le clip sera élu vidéo de l'année par le Billboard Magazine.
Les paroles respectent la thématique du temps cher au groupe : la musique devient la madeleine proustienne d'un amour perdu dont le protagoniste masculin s'interroge sur son devenir à grand renfort de choeurs. Le groupe obtient également un second succès inattendu avec son titre éponyme, aussi relayé par MTV. Cette chanson au tempo langoureux est porté par son refrain convaincant dans lequel Justin Hayward fait une démonstration réussie de ses capacités vocales et les interventions justes de Patrick Moraz.
Certaines pistes pourraient être accusées, sans être mauvaises,
de ne pas avoir résisté à l'épreuve du temps, comme 'The Spirit' (seule
piste cosignée Patrick Moraz) qui sonne comme un générique de dessin animé japonais, la bluette 'I dont care' ou les paroles un peu ridicules de 'Rock 'N' Roll over you'. A l'inverse, 'Running out of love' ressemble dans sa première partie à un blues qui aurait été façonné sous un marteau synthétique.
'The Other Side of Life' permettra au groupe d'avoir une seconde chance et le fera enfin remonter en haut de l'affiche. Il serait absurde de juger défavorablement cet album à une époque où le progressif originel a sa place dans les rubriques nécrologiques. Le groupe a su évoluer et mettre ses services au profit d'une pop sophistiquée cette fois en accord avec son temps.