Billy Idol fait partie de ces artistes imprévisibles. Alors que plus personne n'espérait son retour après qu'il ait miraculeusement survécu à une overdose et décidé de consacrer l'essentiel de son existence à s'occuper de sa famille, il avait surpris son monde en revenant sur le devant de la scène avec un "Devil's Playground" (2005) qui le voyait également retrouver son alter-ego Steve Stevens. Devant la qualité de cet album, les fans imaginaient déjà une suite discographique visant à confirmer cette résurrection. Quelle surprise de voir alors le blond peroxydé se lancer dans un inattendu album de Noël ("Happy Holidays" – 2006) avant de disparaître à nouveau des écrans radars. C'est 8 ans plus tard que le duo infernal refait surface avec une nouvelle équipe au sein de laquelle le rôle de Billy Morrison semble déterminant, que cela soit du point de vue artistique ou psychologique. En effet, non content de participer à part entière à la composition et à la production, il semblerait qu'il ait également un rôle moteur dans la motivation des troupes.
Le résultat est ce "Kings And Queens Of The Underground" que nous n'attendions plus et pour lequel la mélancolie semble être le maître mot. Mélancolie au niveau des paroles tout d'abord, avec plusieurs titres renvoyant au passé de l'artiste et de l'homme. 'Postcards From The Past' a le mérite d'annoncer clairement la couleur avec son titre en forme de résumé et son riff et sa mélodie rappelant 'Rebel Yell' sans le plagier, tout en apportant quelques clins d'œil appuyés tel que l'utilisation du célèbre 'More more more'. Le titre éponyme est quant à lui un véritable récit autobiographique, sincère et émouvant dans une ambiance semi-acoustique. Sans pousser l'introspection aussi loin, les références à la vie du chanteur sont légions et se retrouvent au sein de la quasi-totalité des titres ('Ghosts In My Guitar', 'Whiskey And Pills').
Mélancolie également au niveau musical avec la multiplication de titres plutôt calmes, en particulier sur la seconde partie de l'album. En effet, du titre éponyme jusqu'à un 'Love And Glory' aux intonations à la U2 avec sa montée en puissance et ses guitares dignes de The Edge, ce ne sont pas moins de 5 morceaux au rythme oscillant entre la ballade et le mid-tempo qui s'enchaînent, dont un envoûtant 'Eyes Wide Shut'. Si la qualité est au rendez-vous, il faut avouer que l'intensité de l'ensemble s'en ressent et qu'il faut attendre le catchy 'Whiskey And Pills' pour retrouver une sauvagerie punk à l'efficacité redoutable. Mais ceci ne doit pas faire oublier un début d'album imparable sur lequel Billy Idol semble balayer sa discographie, replongeant dans l'âge d'or des 80's à grands coups de rugissements félins ('Bitter Pills'), de refrains accrocheurs (le single 'Can't Break Me Down') ou d'ambiances nocturnes déchirées par un refrain explosif à la 'Catch My Fall' ('Save Me Now'). Même la période contestée de "Cyberpunk" a droit à un clin d'œil le temps d'un 'One Breath Away' illuminé d'un célèbre raygun effect de Steve Stevens.
Nouveau retour gagnant dans son ensemble pour la légende britannique qui réussit à se rendre hommage lui-même sans pour autant paraître ridicule. Etant le détenteur d'une formule créée par ses soins, il possède toute la légitimité pour la remettre au goût du jour et il le fait avec une mélancolie à la fois émouvante et attachante qui ne sombre jamais dans la mièvrerie. Tout juste pourrons-nous regretter l'agencement des titres et la baisse d'intensité qui en résulte sur la deuxième partie. Mais comparé à la qualité de l'ensemble, ceci parait presque anecdotique.