Quand bien même "Blood" a permis à ses géniteurs d'atteindre l'étage du dessus en terme de succès public débouchant sur une signature avec le puissant Atlantic Records, il est permis de lui préférer son prédécesseur, "A Star-Crossed Wasteland", moins personnel peut-être mais riche d'un charme qui s'est un peu évaporé deux ans plus tard. Qu'en est-il de "Black Widow", cinquième album des Américains ?
Sans surprise, celui-ci creuse un sillon identique à son devancier, promesse d'une réussite commerciale programmée qui ne devrait toutefois guère changer la donne pour In This Moment, phénomène sympathique pour les uns, insupportable pour les autres. S'ils n'étaient pas aveuglés par leur mauvaise foi, ceux-ci devraient pourtant admettre qu'ils se trompent.
Blonde à forte poitrine, Maria Brink, autour de laquelle l'image du groupe s'est (forcément) bâtie, participe de ce clivage, son chant versatile pouvant autant séduire que repousser ('Big Bad Wolf''). La belle n'est pourtant pas juste une poupée et brille dans tous les registres, panthère tour à tour agressive ou carrément charmeuse, une voie que l'on aime lui voir emprunter car elle y révèle tout l'étendu de son talent à l'image de 'The Fighter', (fausse) ballade aux accents funéraires. Dans tous les cas, elle finit par triompher, dominant sa proie telle une mante religieuse.
Les lignes vocales ne sont du reste pas le seul bon point à mettre à l'actif du groupe, lequel a également consenti de notables efforts en terme d'écriture, accouchant de compos plus charpentées, plus élaborées aussi qui font exploser le simple cadre du Metalcore auquel elles sont rattachées. 'Sex Metal Barbie' ou 'Bones' témoignent ainsi d'une qualité d'architecture dont on ne croyait pas les Américains vraiment capables même si nous leur avons toujours reconnu un potentiel que beaucoup refusaient de leur reconnaître.
Clairement, In This Moment a mis les petits plats dans les grands afin de se donner tous les moyens d'une conquête qui semble lui être promise. Plus mature, il fera taire ses détracteurs ne voulant voir en lui qu'un combo un peu vulgaire devant tout à la plastique avantageuse de sa vitrine. "Black Widow" leur donne donc tort, opus certes calibré pour les ondes US, fort de son metal moderne que propulsent des riffs d'airain, mais détenteur d'une intelligence certaine de la part d'un groupe qui possède une vision de son art à des années-lumière du tout-venant.