Les lecteurs assidus ne seront pas surpris de lire qu’une partie de l’équipe éditoriale de Music Waves attendait fébrilement la suite donnée au magistral "Suspended Animation" au succès d’estime inversement proportionnel à celui commercial.
Bien qu’entrecoupé de l’EP de deux titres "Home", il aura fallu attendre pas moins de dix interminables années pour que Tomer Pink daigne enfin nous proposer le successeur de "Suspended Animation". Pour l’occasion, la tête pensante de ce projet ambitieux a presque totalement renouvelé les effectifs à l’exception de Paul Kuhr (Novembers Doom) toujours en charge des vocaux gutturaux. Et malgré l’arrivée de Kjetil Nordhus (Green Carnation, Tristania…) au chant, le line-up perd un peu le caractère international qui le caractérisait. En effet, ce dernier est aujourd’hui composé au 2/3 de musiciens en provenance d’Israël avec notamment Matan Shmuely (Orphaned Land) et Shai Yallin (Solstice Coil) pour les plus connus sans compter l’apparition de Kobi Farhi d’Orphaned Land sur le titre final 'Father and Son'.
Dans ces conditions, les premières notes introductives de 'Early Morning Mantra' sonnent comme une évidence et ne font que confirmer l’évolution entrevue sur l’EP "Home". Subterranean Masquerade "orientalise" sa recette pour désormais clairement œuvrer sur le terrain de jeu privilégié d’Orphaned Land. Une évolution folklorique renforcée par la multiplication d’instruments orientaux tels que le Tar persian, le Saz et le Oud turc… mêlées à des violons, flûtes et autres clarinettes…
Dix ans ont passé entre "Suspended Animation" et "The Great Bazaar" et la patte Subterranean Masquerade qu’avait créé Tomer Pink à défaut d’avoir disparu s’est grandement diluée dans l’orientation metal folklorique marquée du sceau Orphaned Land flagrante sur les titres finaux 'Specter' et 'Father and Son". Cette impression est également renforcée par le chant clair de Kjetil Nordhus qui bien que ne souffrant d’aucun défaut n’apporte finalement rien à l’ensemble, pire contribue à la perte d’identité du groupe.
Mais si la magie n’opère plus comme au temps de « Suspended Animation », n’allez pas croire que « The Great Bazaar » est un mauvais album, loin s’en faut ! Mais là où le premier était un rêve ininterrompu, plus rares sont les moments de grâce qui nous transportent. Malgré tout, "The Great Bazaar" comporte son lot de mélodies enchanteresses comme notamment l’instrumental 'Nigen' où tous les ingrédients de la recette Subterranean Masquerade se mêlent gracieusement à savoir le côté progressif atmosphérique d’un Opeth, l’aspect oriental d’un Orphaned Land, le tout magnifié par une clarinette envoûtante.
Bref, si "The Great Bazaar" est un album plaisant qui se laisse écouter il ne révolutionnera pas la planète metal comme a pu le faire en son temps son glorieux aîné.