Si "Graffiti Soul" n'avait rien de particulièrement révolutionnaire, il avait cependant le mérite de redonner espoir en Simple Minds. En effet, les Ecossais semblaient avoir enfin retrouvé l'inspiration pour un album qui devait finalement représenter la meilleure vente du combo depuis "Good News From The Next World" (1995). D'ailleurs à l'époque, Jim Kerr annonçait à qui voulait l'entendre, que le groupe se sentait en capacité de sortir 2 albums dans la même année. Après un live ("5X5 Live" - 2012) et une compilation ("Celebrate – The Greatest Hits" - 2013), ce n'est pourtant que 5 années plus tard que débarque ce "Big Music" attendu avec fébrilité. Avec un line-up voyant Andy Gillespie officiellement intronisé aux claviers, et Ged Grimes remplacer Eddie Duffy au poste de bassiste, ce nouvel opus semble être l'occasion de confirmer l'éclaircie aperçue en 2009 et ainsi, de replacer Simple Minds sur le devant de la scène.
Mêlant habilement nouvelles compositions et anciennes démos retravaillées, Jim Kerr et Charlie Burchill redonnent une grande partie de son éclat à la légende des 80's, retrouvant la formule qui faisait sa réputation, à savoir ce mélange de rock, de pop synthétique et de new-wave. La production, en grande partie confiée à Andy Wright (Eurythmics, Cock Robin, etc…), donne à la fois ampleur et puissance à la musique du quintet qui trouve ainsi un équilibre entre des claviers prégnants, une rythmique discrète mais efficace et les interventions lumineuses de Charlie Burchill, le tout mené de main (de voix) de maître par Jim Kerr. La plupart des titres réussissent ainsi à se faire à la fois planants et énergiques, comme l'hypnotisant 'Blindfolded' à la carrure de futur hymne, ou un 'Blood Diamonds' au refrain majestueux et sur lequel les claviers se fond magistraux en réponse aux échos de la guitare. Plus mélancolique, 'Honest Town', premier single, reprend également ses caractéristiques pour un résultat tubesque qui voit les couches de synthétiseurs se superposer sans devenir envahissantes.
D'une cohérence parfaite, l'ensemble alterne les titres taillés pour la scène avec des refrains catchy ('Big Music'), profitant parfois de l'apport des chœurs de Sarah Brown (Annie Lennox, Phil Collins) dont les interventions ne sont pas sans rappeler les plus belles heures de Robin Clark sur les albums de la grande époque ('Kill Or Cure'), et quelques morceaux plus légers et entraînants ('Midnight Walking') et aux refrains obsédants ('Broken Glass Heart'). Confirmant ce qui semble devenir une habitude, le quintet se fend également d'une reprise qu'il se réapproprie totalement ('Let The Day Begin' de The Call) pour un résultat dynamique et accrocheur. Enfin, s'il est un domaine de prédilection pour Simple Minds, c'est bien lorsque les Ecossais laissent l'émotion devenir plus palpable le temps de refrains dont l'optimiste élève l'auditoire ('Human') ou de titres à la mélancolie envoûtante ('Spirited Away').
Sans forcément atteindre les sommets de la fin des années 80, "Big Music" n'en est pas moins une réponse sans ambigüité à tous ceux qui avaient enterré Simple Minds trop vite. Avec toute la classe qui les caractérise, Jim Kerr et ses compagnons semblent définitivement renaître des leurs cendres pour nous offrir cette subtile recette qui avait construit leur légende, et ceci tout en étant capables de l'enrichir avec quelques notes plus actuelles, question de ne pas sombrer dans la redite ou l'auto-parodie. Il serait dommage que les amateurs qui avaient laissé tomber le groupe durant sa traversée du désert, ne saisissent pas l'opportunité de revenir vers lui avec ce nouvel opus qui ne les décevra pas.