Après 10 années passées au sein de différents groupes parisiens, Gaëlle Buswel se lance dans l'aventure d'un premier album autoproduit. Malgré des moyens financiers limités, la belle bénéficie cependant d'un soutien de poids en la personne de Neal Black. Charmé par le talent de la Française, le bluesman américain ne se contente pas de coproduire ce "Yesterday's Shadow". Non seulement il coécrit 5 titres et en offre un complet ('Wild Girl'), mais en plus, c'est lui qui assure la guitare sur tous les soli, la slide et une partie de la rythmique. Belle preuve de confiance dans le potentiel de la sirène qui risque bien d'en charmer bien d'autre dans les prochaines années.
Au travers de 13 titres dont un live, Gaëlle Buswel offre une belle démonstration de ses talents de compositrice et de chanteuse. En raison du manque de moyens mis à disposition, la prestation est en acoustique, Gaëlle et Neal étant épaulés par la tribu Walden aux claviers et à l'harmonica, Sylvain Denni aux percussions et Claire Limasset au violoncelle. Si ce format a ses limites, il est également sans pitié pour des artistes au niveau insuffisant. Par contre, les plus grands y démontrent régulièrement l'étendue de leur talent. Et si Gaëlle n'est pas encore en position de faire de l'ombre à un Bruce Springsteen, elle prouve ici qu'il va falloir compter avec elle pour la suite.
La voix est capable de faire preuve de puissance et d'enthousiasme ('Don't Need Somebody', 'Secret Door'), mais également d'une émotion toute en délicatesse ('Mama's Song'). Ces différentes facettes se retrouvent même brassées au sein de titres n'en étant que plus accrocheurs ('Ladybug', titre mélangeant également le français et l'anglais). Cette maîtrise vocale permet à son interprète de transmettre toute une palette d'émotions allant de l'enthousiasme ('Love') au recueillement ('Let My Child Sleep In Peace'), en passant par la mélancolie ('Yesterday's Shadow') ou la colère contenue ('None Of Us Are Free'). Sur ce dernier, cover d'un titre interprété à l'origine par Ray Charles, Gaëlle partage le chant avec la grosse voix de Neal Black qui la pousse parfois en en faire un peu trop. Cette tentation parfois mal maîtrisée de devenir un peu trop démonstrative ('Little Sunshine', 'Wild Girl') sera peut-être un des rares points faibles de cet opus, même si ces débordements restent rares et ne deviennent jamais rébarbatifs.
Malgré les limites imposées par son format et une énergie parfois mal contrôlée, ce premier album est l'occasion de découvrir une artiste talentueuse et attachante. Sachant se faire aussi bien envoûtante qu'enthousiasmante et rafraîchissante, Gaëlle Buswel se positionne comme un très sérieux espoir n'ayant déjà pas à rougir de la comparaison avec de nombreux interprètes américains œuvrant dans le même style. Une artiste à suivre et qui devrait prendre toute son envergure dès que plus de moyens seront mis à sa disposition.