Tout est dit dans le titre ! Margin nous invite avec son "Psychedelic Teatime" à une flânerie psychédélique et passéiste. Margin nous vient d'Allemagne et est le "presque" one-man project de Lutz Meinert. Presque, car si notre homme compose, chante et joue de la quasi-totalité des instruments, il est accompagné sur certains titres d'Arne Spekat à la guitare acoustique et de Carola Meinert au chant.
Leur présence n'est pas anecdotique. La place accordée à la guitare acoustique en fait un élément d'une importance essentielle, apportant une touche de délicatesse vaporeuse à une musique fortement empreinte de nostalgie. Si les vocaux de Carola Meinert restent plus discrets, sa voix gracile confère aux titres qu'elle honore de sa présence un parfum élégiaque, doublant avec élégance le chant volontairement impersonnel et détaché de Lutz Meinert. Les capacités vocales de ce dernier, si elles collent bien avec l'ambiance de l'album, ne sont pas extraordinaires, ce qui ne gêne en rien, une large place étant accordée aux passages instrumentaux.
Puisque c'est l'heure du thé, l'album s'ouvre sur 'A Mysterious Cup Of Tea', une longue suite de plus de 23 minutes qui s'avère la séquence la plus convaincante de l'album. Le découpage en 5 parties est purement artificiel car, à l'écoute, les transitions sont tellement fluides qu'il est difficile (et parfaitement inutile) de se rendre compte que l'on passe d'une partie à l'autre. L'influence du Pink Floyd des débuts (jusqu'à "Obscured By Clouds") est patente et assumée (le texte de 'Part 2' parle de 'A Saucerful Of Secrets', allusion transparente au second album éponyme du Floyd). Les longues notes de guitare auraient pu être jouées par Gilmour et les sonorités vintage des claviers évoquent le fantôme du regretté Richard Wright. La musique est apaisante, mystérieuse, mélancolique, contemplative. Elle invite à la rêverie, on s'imagine sans peine une promenade automnale, couleur sépia, dans une forêt ou au bord de l'océan.
Le reste de l'album est malheureusement plus inégal. Si 'Landscapes On The Sky' perpétue quelque peu la magie et génère un sentiment de bien-être doux-amer (dû indubitablement pour les plus vieux d'entre nous à la nostalgie se dégageant du lancinant duo orgue-guitare semblant surgir du funèbre 'Cirrus Minor'), 'Psychedelic Underground - The Short Trip', léger et dansant comme une musique de boîte de nuit des années 70's, s'en sort grâce à sa brièveté. Ce n'est pas le cas des deux derniers titres qui trainent en longueur. 'Psychedelic Underground - The Long Trip' n'est qu'un délayage laborieux de la version courte du même nom. Quant à 'Last Exit To Pluto', il détonne en délaissant le psychédélisme pour la musique de film. Son thème de basse obstiné qu'accompagnent tour à tour divers instruments n'est pas suffisamment fédérateur pour tenir la distance des dix minutes qu'il nous propose.
Il est dommage que l'album se conclue sur ces titres un peu fades, laissant l'auditeur sur une impression mitigée de lassitude. A une époque morose sur fond de conflits internationaux, crise économique et menace de pandémie, qu'il est bon de se replonger dans la musique d'une époque où de doux rêveurs croyaient en un monde de musique, d'amour et de fleurs ! Alors oubliez les deux derniers titres et laissez-vous emporter par l'ambiance Love, Peace And Freedom des trois premiers.