Second album d'une rétrospective consacrée au bassiste Hugh Hopper par Gonzo Multimédia, ce disque est l'enregistrement du concert donné le 13 mars 2003 aux Lilas dans la salle Le Triton par le Franglo Band, un groupe réunissant autour de Hopper trois musiciens français, Patrice Meyer (guitare), Pierre-Olivier Govin (saxophones) et Francois Verly (batterie et percussions).
En six années d'existence, le Franglo Band donna le même nombre de concerts et n'enregistra aucun album studio. C'est dire la rareté du témoignage ici présenté, d'autant plus appréciable que la prise de son n'a rien d'un bootleg : l'enregistrement très clair met en valeur chaque prestation instrumentale et la présence du public se manifeste par des applaudissements discrets et brefs qui, si l'on espère qu'ils n'aient pas été le reflet de l'accueil réellement offert aux musiciens, ne gâchent pas l'écoute par des césures trop longue entre chaque morceau.
Ceux-ci sont présentés, en français, par Hugh Hopper de façon très sobre. Pour le fun, notons que le second titre, intitulé sur l'album 'Lonely Sky And The Sea' est appelé par Hopper 'Lonely Sea And The Sky'. Erreur de la maison de production ou lapsus dû à l'émotion compréhensible de l'interprète lors du concert, le mystère reste entier !
Musicalement, le groupe interprète de façon magistrale sept titres tirés du répertoire jazz-rock. Si vous n'aimez pas ce style musical et les longues compositions mettant en avant le travail des musiciens sur des mélodies au contour flou où l'improvisation trouve régulièrement sa place, il n'est pas utile que vous investissiez du temps dans l'écoute de cet album. Mais si vous avez l'état d'esprit adéquat, vous vous délecterez certainement du jeu raffiné des intervenants. Le saxophone de Pierre-Olivier Govin est l'instrument phare des sept titres, trouvant dans une guitare déliée un partenaire de choix et s'offrant, le temps d'un titre ('Miniluv'), un long duo fusionnel avec le sax de Didier Malherbe, l'un des pères fondateurs de Gong. Le couple basse/batterie réussit le tour de force d'être à la fois discret et présent et, comme c'est souvent le cas dans le jazz-rock, de dépasser le rôle de simple métronome pour s'émanciper dans ses propres rythmes et mélodies.
Chaque titre est une nouvelle invitation au voyage pour celui qui saura ne pas s'émouvoir de l'absence de structures apparentes et formatées, le groupe évitant, comme c'est trop souvent le cas dans ce genre musical, les stridences et dissonances inutiles, seul le court 'Sliding Dogs' s'avérant d'une accessibilité plus délicate. Un bon moment en perspective pour les amateurs du genre.