Après deux albums qui nous avaient largement séduit, Maxxwell nous revient avec un nouveau disque et un nouveau chanteur. Est-ce à dire que le groupe a décidé de tout changer comme pourrait le laisser croire le nom de l'opus ("Table rase" en Latin) ?
La réponse est clairement « Non ». Car si les Suisses ont fait évoluer leur propos, notamment en durcissant un peu leur musique, il serait bien exagéré de parler de changement radical. Le groupe évolue toujours dans un Hard Rock qui oscille entre une rugosité à la Krokus et un Rock US plus mainstream et moderne pouvant renvoyer à Nickelback. Pour synthétiser, Maxxwell ressemble de plus en plus à ses compatriotes de Gotthard, période "Human Zoo" et "Lift U Up", en donnant un coup de modernité et en apportant quelques petites touches Heavy à une musique au sein duquel l'influence d'AC/DC se fait de moins en moins sensible.
On peut toutefois considérer que le groupe pousse un peu plus loin que Gotthard son entreprise de modernisation du genre. Sans aller jusqu’à citer le puissant 'Backstabber' sur laquelle le rappeur Polemikk apparait, avec des titres de la trempe de 'Trails Of Hate' ou de 'Man Of Steel' Maxxwell dote sa musique d'un petit côté alternatif. Ne nous emballons pas, le fond de commerce du groupe demeure un Hard Rock très mélodique avec un sens de la mélodie très appréciable notamment sur 'Gone Forever', 'Fallin' Down' ou bien le très efficace 'Run Or Hide'. Les chansons, pourtant très différentes les unes des autres, s'inscrivent ainsi dans un Hard Rock pêchu avec quelques touches Heavy et un Rock mélodique très accrocheur qui correspond à ce qu’étaient les attentes des radios américaines dans les années 90. Cela peut sembler un pari surprenant si l’on considère que 20 années se sont écoulées depuis, mais en matière de Rock, de ce type de Rock plus précisément, on peut tout de même considérer qu’il s’agit là presque d’une cure de jouvence.
Et, qu’en est-il de ce nouveau chanteur ? Gilberto Meléndez se démarque assez nettement de son devancier, grâce à une voix moins éraillé, mais tout aussi puissante. Il s'impose sans difficulté, notamment en parvenant à passer avec aisance de tonalités agressives à des sonorités plus mélodieuses, comme il fait avec talent sur 'Nothing Changes My Mind' et 'Run Or Hide'.
Si l'effort de rafraîchissement de la musique de Maxxwell est salutaire, il n’en reste pas moins assez mesuré. Les fans du groupe retrouveront ainsi leurs marques à l’écoute de ces refrains racés, de ces riffs assez classiques, de ces chœurs réguliers et de ces mélodies entrainantes. Comme son nom ne le laissait pas forcément supposer, cet excellent album qu'est "Tabula Rasa" pourrait faire sienne la devise de Pompidolienne : le changement dans la continuité.