A peine six mois après la sortie de la première partie de son concept cosmique (voir la chronique d'Epsilon I à ce sujet), Jeff Hamel et Majestic nous délivrent la suite et la fin de l'aventure, dans une formation une nouvelle réduite à deux instrumentistes accompagnés de trois chanteurs.
Après une introduction en douceur, Majestic indique clairement la direction de ce nouvel opus : ce sera du lourd (je n'ai pas dit lourdingue !), avec un gros son et une ambiance métallique généralisée, portée par des guitares furieuses et des parties vocales appuyées : côté féminin, Jessica Rasche se rapproche des fameux "groupes de métal à chanteuse", tandis que ses homologues masculins haussent le ton et flirtent régulièrement avec les techniques en vogue dans ce style.
Amateur de rock progressif plus apaisé, ne fuis cependant pas devant cette première approche, car Jeff Hamel est avant tout passé maître dans l'art de mélanger les genres, et si les passages puissants sont bien présents tout au long des 12 plages de l'album, ils sont loin d'être seuls et sont de toute manière pleinement intégrés aux compositions qui s'avèrent tout sauf linéaires. Il en va ainsi notamment de l'incroyable instrumental Epsilon VIII – The Journey Back qui nous propose à la fois du progressif symphonique bien caractéristique des œuvres précédentes de Majestic, complété par un final puissant, et comportant en son milieu une partie complètement Rio – un jeu de guitare désarticulé planté sur une montée chromatique aux claviers, le tout sur fond de rythmique magmaïenne (chapeau à Mike Kosacek pour sa maîtrise du contretemps !) – l'ensemble s'avérant totalement bluffant.
Dans le même style, le mélange métal/sympho/Rio se retrouve sur le titre épique Epsilon X – Convergence, où durant près de 12 minutes Majestic développe toute sa panoplie de sonorités, tant vocales qu'instrumentales, avec des passages métalliques qui, sans jamais franchir la ligne jaune qui pourrait faire fuir les réfractaires au style, donnent une couleur et une puissance réjouissantes à une composition déjà passionnante par sa structure. Et pour parfaire le tout, et coller tout de même quelque peu au concept, le maître d'œuvre du projet complète tout cela par un jeu de claviers qui passe sans vergogne de sonorités 70's à celle habituellement en vigueur dans le space-prog, apportant notamment dans les chorus une touche sonore qui rappellera Eloy. Quant à la production, elle est toujours aussi impressionnante, rendant avec justesse la puissance développée par les instrumentistes, et intégrant entre autres des effets stéréo bienvenus qui balancent le son de droite à gauche.
Dans la lignée de son prédécesseur, le deuxième volet d'Epsilon poursuit le voyage entamé avec l'opus I du concept, et s'avère tout aussi indispensable que son compagnon au sein des discothèques des amateurs de rock progressif varié. Malgré une tendance métallique plus poussée, cette deuxième partie s'avère pourtant plus subtile que la première, et clôture en beauté le voyage au sein de la galaxie Eridanus.