Antimatter, le retour ? Il faut avouer que Sleeping Pulse, le nouveau projet de Mick Moss, lui ressemble comme deux gouttes d'eau. Après avoir formé un duo virtuel avec le bassiste Duncan Patterson, il utilise la même formule, cette fois avec le guitariste du groupe portugais Painted Black, Luis Fazendeiro, compositeur des mélodies de "Under The Same Sky".
Je vois déjà les allergiques au rock atmosphérique froncer le nez en pensant "Encore un album soporifique idéal pour soigner mes insomnies". Que nenni ! Car la douce introduction de 'Parasite' qui monte dans un subtil crescendo vole subitement en éclats devant la déflagration d'un riff de guitare soutenu et d'un chant qui se déchire admirablement. Le procédé est certes classique, mais quand il est bien réalisé comme c'est le cas ici, impossible de s'empêcher d'avoir la chair de poule.
"Under The Same Sky" se rapproche des disques de Peter Gabriel : des titres qui passent brutalement d'une intimité confidentielle à une explosion d'énergie et une voix empathique, qui véhicule facilement toutes les émotions. L'album va jouer sans cesse de ce contraste entre plages mélancoliques apaisées et brusques sursauts de fureur sans pour autant systématiser cette alternance, évitant ainsi de lasser l'auditeur par des effets trop prévisibles.
Même avec les titres les plus doux ('Backfire' gorgé d'une mélancolie prégnante, l'intimiste et intense 'The Puppeteer', le douloureux 'The Blind Lead The Blind' ou 'Under The Same Sky', triste, gris, pluvieux, désespérant et très beau), l'album évite l'écueil rencontré par certains disques atmosphériques (comme les derniers Anathema par exemple) où l'auditeur a l'impression de se diluer dans une musique fantomatique parfois un peu trop évanescente. Là, les moments d'énergie salvatrice ne manquent pas, prodigués tant par la guitare et la batterie que la voix. Seul 'Painted Rust', plus proche de l'atmosphérique traditionnel, laisse une impression de répétitivité et de manque de contraste, immédiatement effacée, il est vrai, par les riffs assassins de 'Noose'.
D'une chanson à l'autre, le jeu délicat des guitares et de la batterie se conjuguent admirablement à un chant d'une poignante tristesse, tantôt renforcé par un violon mélancolique, tantôt doublé d'une voix féminine, se réverbérant en échos ou se délitant en effets stroboscopiques. Mick Moss possède un timbre dont la raucité et le vibrato facilitent grandement la transmission des émotions. Un vibrato peut-être un peu trop appuyé parfois. Le tout est servi par une excellente prise de son qui fait bien ressortir le travail des uns et des autres.
"Under The Same Sky" donne certes dans le rock atmosphérique, mais tient plus du rock que de l'atmosphérique, ce dernier côté étant surtout représenté par la tonalité très sombre de l'album. Mélange subtil d'énergie et d'intimisme, un disque chargé d'émotions et d'intensité.