Cinq années pour accoucher de moins de 33 minutes de musique ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que Rancid ne s’est pas trop stressé ces derniers temps. Et cela est d’autant plus surprenant que ce "...Honor Is All We Know", fait suite à un "Let The Dominoes Fall" (2009) qui comportait pas moins de 19 titres. Mais ne jugeons pas ce huitième disque à sa durée car le résultat s’avère au final plus réjouissant que son devancier...
Là où "Let The Dominoes Fall" se montrait un tantinet pompeux, superficiel et hétéroclite, nous avons ici droit à un retour aux affaires assez convainquant des Punk californiens. Rancid retrouve en effet l’essence de son Punk Rock pour un album plus cohérent et direct. Et ce, même si le groupe, un peu comme à son habitude, enrichit son propos en y adjoignant des ambiances Ska, Rockabilly et surtout Reggae. Pour autant, l’ensemble ne donne pas le sentiment de partir dans tous les sens car cette couleur musicale fait désormais parti de l’ADN du groupe. Certains se souviendront d’ailleurs que Tim Armstrong (chant et guitare) a produit 2 albums de Jimmy Cliff sur lesquels il apparait également en tant que guitariste.
Ainsi, 'Evil’s My Friend' et 'Everybody's Sufferin', et leur riddim Ska apportent un peu de fraicheur dans un disque assez monolithique. Il est ainsi difficile de trouver plus régulier et simpliste que la batterie famélique de Branden Steineckert. Heureusement, cette linéarité est compensée en partie par l’énergie festive qui se dégage de "...Honor Is All We Know". Une dynamique entrainante anime la quasi-totalité de ce disque notamment du fait de vocaux omniprésents qui marquent les esprits. Si le chant est majoritairement assuré par Tim Armstrong, ce dernier est régulièrement épaulé par Lars Frederiksen, voire même par Matt Freeman comme c'est le cas sur le titre éponyme, "...Honor Is All We Know".
Cette variété et cette densité vocale influent sur l’ambiance des morceaux. Ceux-ci sont ainsi essentiellement centrés sur le chant, les autres instruments étant placés au second plan. Pour autant, les amateurs de vocaux ambitieux et puissants en seront pour leur frais. Ici nous sommes plutôt dans un registre proche de celui des Clash et des Pogues, avec des voix éraillées qui donnent plus dans le chant de fin de banquet que dans les envolées des petits chanteurs à la croix de bois et une profusion de chœurs cherchant à se montrer virils et vindicatifs.
Si ce disque, du fait de son côté dépouillé et Old School, tient la route, il ne parvient à dépasser le stade du sympathique que dans de trop rares occasions, comme cela est le cas avec le popisant 'Malfuntion'. Trop prévisible, trop linéaire, trop convenu, cette série d’hymnes Punk Rock entrainants n’apporte pas grand chose de nouveau à un style qui ne brille déjà pas par son sens de la diversité. Agréable donc, mais anecdotique.