"The Grand Illusion" ou l'album de la consécration. Paru par pure stratégie marketing le 07/07/77, "The Grand Illusion" est sacré triple disque de platine et Styx perce enfin au-delà du marché américain.
Il aura fallu attendre neuf ans (sans compter les balbutiements du début qui remontent quand même à 1961) et sept albums pour que le succès soit au rendez-vous. Un succès dû à des titres comme 'Lady' ou 'Suite Madame Blue' qui permettent au groupe de franchir le cénacle de Chicago pour être apprécié de l'Amérique toute entière. Un succès dû aussi à la persévérance de musiciens qui ont su polir leurs compositions et conjuguer leurs talents pour arriver à un niveau professionnel d'une exceptionnelle qualité.
Pourtant, "The Grand Illusion" arrive un peu à contre-courant. En pleine déferlante punk, Styx nous livre son album le plus progressif qu'il ait composé à ce jour. Certes, on est loin des longues suites à tiroir d'un Genesis, d'un Yes ou d'un Van der Graaf Generator. Mais si les américains prouvent une fois encore qu'ils ont un don pour les chansons catchy et les ballades romantiques, ils saupoudrent le tout de nombreuses variations rythmiques et de thèmes qui sortent les titres du traditionnel schéma couplet/refrain/pont dont ils ont fait leur ordinaire.
Ainsi 'The Grand Illusion', 'Fooling Yourself', 'Come Sail Away' allient-ils le charme immédiat des ballades et la complexité du rock progressif à la façon d'un 'Bohemian Rhapsody' (Queen, encore et toujours). 'Castle Walls' va même plus loin avec son long pont musical et cette unique note de basse obstinément répétée. Et 'The Grand Finale' perpétue la tradition progressive en mélangeant astucieusement dans un final orchestral les thèmes de 'Sail Away', 'Superstars' et 'The Grand Illusion'. Même le désormais traditionnel hard rock signé Young débute sur une introduction aussi atypique que mélancolique de synthés.
Que les titres soient composés par Young ('Miss America'), DeYoung ('The Grand Illusion', 'Come Sail Away', 'Castle Walls'), Shaw ('Fooling Yourself', 'Man In The Wilderness') ou collégialement ('Superstars', 'The Grand Finale'), tous bénéficient d'une qualité d'écriture et d'une interprétation irréprochables. Comme d'habitude les solos de guitares et de claviers sont excellents, la batterie et la basse sont inventives et le chant demeure le point fort du groupe, que ce soit en lead ou en chœur.
Au fil des albums, Styx a fait de réels progrès et poursuit sur la lancée de la plénitude qu'il a atteinte avec "Equinox". Le succès qu'il rencontre avec "The Grand Illusion" n'est que la juste récompense de ses efforts.