Bon, ne nous emballons pas trop vite, "Tentoonstelling" n'est (malheureusement) pas le véritable successeur du formidable "Thoughtscanning", publié plus tôt dans l'année. Ce qui n'est qu'un single (digital), avoisinant avec la demi heure de musique tout de même, est en réalité deux choses à la fois.
D'une part, il constitue le premier volet d'un ensemble plus vaste composé de douze parties et d'autant de groupes, dont le vecteur est le photographe Mathieu Drouet dont on peut juger du talent en admirant le troublant visuel de l'objet. D'autre part, il est une manière de point final au premier chapitre de la vie We All Die (Laughing), comme son titre le suggère avec évidence, une sorte de complément, de variation autour du thème principal guidant "Thoughtscanning". Nous pourrions en citer une troisième, (faux) split associant le duo à l'instigateur de l'entreprise et où chacun se fend d'une piste.
Incompris, "Tentoonstelling" essuie depuis sa publication nombre de critiques qui lui reprochent, ici d'être trop court, là de réchauffer son prédécesseur, sans oublier les remarques assassines concernant la contribution du photographe qui n'a pourtant pas d'autre prétention que d'être une expérimentation sonore, simple traitement audio des données de son artwork, rien de plus.
En fait, ce single est à prendre à la fois pour ce qu'il est, bonus de luxe pour le plaisir, concocté par le tandem franco-belge à la demande de Drouet, et non pas ce que certains auraient voulu qu'il soit mais aussi (surtout ?) une preuve supplémentaire du talent éclairé d'Arnaud Strobl qui avec intelligence livre avec son compère un titre instrumental ce qui, de la part d'un chanteur, est assez osé.
Sinon, comme on pouvait s'y attendre, ces quatorze minutes se révèlent brillantes, lente dérive aux teintes soyeuses, à la progression pointilliste et délicate que guide un piano aux accords grêles. Epuré et pourtant travaillé, de cette plage suinte une mélancolie spectrale, requiem hypnotique d'une puissance retenue.
Beaucoup sont passés à côté de "Tentoonstelling". Mais cette incompréhension est-elle vraiment pour déplaire à ces deux iconoclastes, esprits libres et novateurs ?