Comme nombre de révérends de cette chapelle, Phil Howlett a littéralement le doom qui lui coule dans les veines et il ne saurait s'en éloigner vraiment même lorsqu'il décide de monter un projet parallèle à Rote Mare, son principal port d'attache.
Fondé en 2013 pour épancher sa soif de Heavy traditionnel, Lucifer's Fall possède donc les mêmes racines que son aîné, lourdes et épiques à la fois. Toujours attaché qui plus est à une expression extrêmement pure de cet art doloriste, vierge de tout artifice, de kystes extérieurs et (quasi) unique maître à bord de ses deux groupes, il est bien entendu permis de se demander quel est l'intérêt pour l'Australien de se disperser ainsi et de ne pas mettre ses oeufs dans le même panier.
Pourtant, outre le plaisir de pouvoir jouir deux fois, le fait est que Lucifer's Fall et Rote Mare ne sont pas les deux frères jumeaux qu'on serait tenté de voir, malgré des traits similaires, témoin le pétrifié 'A Sinner's Fate', longue procession funéraire que mine une absolue tristesse. Si le second sculpte du pur doom metal dans les grande tradition sabbathienne, le premier se veut plus influencé par la NWOBHM dont il a hérité ces lignes de guitare plus mélodiques que tragiques ('The Suffering Wizard') et d'une construction plus dynamique que plombée ('Lucifer's Fall' que perfore une jubilatoire accélération), sans oublier un chant parfois haut perché ('Deceiver') qui n'a donc rien à voir avec le Doom. Ces nuances sont certes ténues mais elles existent.
Du coup, ce premier album n'aurait pas vraiment pu sortir sous la bannière de Rote Mare dont il est complémentaire. Reste qu'au final vouloir débusquer les différences entre les deux groupes n'a pas grand intérêt. Phil Howlett est toujours aussi inspiré et auteur de compositions grandioses qui donnent la gaule des grands jours à l'image du court 'The Summoning' dont l'enchaînement avec le titre éponyme se veut tout bonnement jouissif.
'Death March', piste terminale ultra pesante achève l'écoute de ce "Lucifer's fall" sur une note désespérée et franchement doom, genre dont Phil est l'un des plus fidèles hérauts. Ce galop d'essai le prouve à nouveau et de la plus noble et pure des manières.