Longtemps genre franchement masculin (comme d'autres d'ailleurs), le Doom, le vrai, celui nourri au grain du Sabbat Noir, ne cesse depuis quelques années d'accueillir des chanteuses. L'alliage entre riffs plombés, ambiances occultes et voix féminines est (toujours) une bonne idée mais, ce qui au départ passait pour original commence désormais à sentir l'opportunisme à plein nez pour un résultat au mieux agréable au pire anodin.
C'est pourtant avec bienveillance que nous découvrons aujourd'hui The Sabbathian dont "Ritual Rites" est le premier souffle de mort. A quoi ce jeune groupe doit-il cet accueil favorable ? Le fait qu'il soit signé chez Svart Records, label aussi inspiré que passionné, n'y est d'une part pas étranger. Surtout, la présence de Chad Davis au commande, prêtre chevronné de la chapelle doom américaine, maintenant libéré de Hour Of 13 permet d'espérer un projet sincère.
En trois prières d'une sombre lancinance, le groupe impose déjà sa griffe, faite de guitares mazoutées creusant la roche d'un art sentencieux, qui sont comme le chandelier éclairant d'une lumière ténébreuse une cérémonie obscure que recouvre d'un linceul pétrifié le chant en apnée de la belle. Malgré leur nom usé jusqu'à la corde, l'entêtant 'Ancient's Curse', 'Ritual Rites', messe noire aux lignes vocales ensorcelantes et 'Nightshade Eternal' distillent dans les veines une semence empoisonnée et difficilement résistible.
A l'arrivée, The Sabbathian n'est pas seulement un groupe de plus surfant sur cette mode lucrative du doom (gentiment) occulte à chanteuse mais un nouveau venu des plus prometteurs car bénéficiant du savoir-faire, conjugué à une inspiration redoutable, d'un maître des lieux pour qui le genre reste avant tout un sacerdoce.