Quoi de plus prévisible, lorsque l'on est un groupe aussi atypique que peut l'être Freak Kitchen, que d'essuyer un échec artistique avec un album trop déroutant ? C'est ce qui est arrivé au trio suédois avec son précédent opus éponyme que nous avions nous-même accusé dans ces pages d'être trop pop. Loin de nous cependant l'idée de vouloir condamner trop rapidement un combo aussi séduisant et attachant. C'est donc avec joie que nous accueillons son retour avec cette nouvelle livraison intitulée "Dead Soul Man".
Si Mattias et sa bande reviennent vers une formule qui a fait leur succès jusque-là, le titre de cet album traduit une atmosphère plus sombre qu'à l'accoutumée. Il suffit de lire la tracklist pour en avoir un aperçu: "Ungly Side Of Me", "The Sinking Planet", "Dead Soul Man"… Il est clair que nous ne nageons pas dans le beau pays des rêves bleus ! Cette impression est confirmée à l'écoute de titres tels que l'agressif "Silence !" ou de l'inquiétant "Black Spider Flag". Mais rassurez-vous, Freak Kitchen n'est pas non plus devenu un groupe de doom dépressif (pléonasme ?).
En effet, "Dead Soul Man" reste malgré tout un retour aux affaires qui nous permet de retrouver tout ce qui rend ce groupe tellement unique et enthousiasmant, avec une recette à base de riffs étonnants voire arythmiques ("The Sinking Planet" et son break jazzy), de groove irrésistible ("Supermodel Baby"), de soli hallucinants, de break instrumentaux délirants ("Gun God") et de paroles décalées. "Dead Soul Men" contient également son lot de surprises avec un "Get A Life" lourd et tribal, ou son titre éponyme aux accents gospels sur son final. Enfin, s'il apparaît comme le maître à bord, Mattias abandonne cependant le rôle de vocaliste à ses camarades de jeu à l'occasion d'un "I Refuse" aux relents néo-punkisants pour Christian Gronlund, et d'un catchy "Slap Me In The Face" pour Joakim Sjoberg, ce titre tournant malheureusement un peu en rond sur son final.
Malgré un final baissant un peu en intensité, "Dead Soul Man" se veut quand-même rassurant quant à l'état de santé de Freak Kitchen. Le trio se montre à nouveau inventif et déjanté, assumant sa personnalité et son originalité et continuant d'y intégrer de nouveaux éléments. Et si nous retrouvons quelques éléments popisants rappelant le précédent opus ("Everything Is Under Control"), ces derniers se fondent parfaitement dans la mixture originale que nous proposent nos cuisiniers nordiques.