Médiatiquement adoubé par Steven Wilson, Nicolas Chapel a longtemps considéré la filiation avec le rock progressif de Porcupine Tree comme erronée car ne décrivant pas la portée de son travail au sein de Demians. "Mute" levait partiellement le malentendu avec un contenu plus radical et plus alternatif. Quatre ans après son deuxième album Nicolas Chapel nous revient avec "Mercury", un disque par lequel il revendique et assume ouvertement sa sensibilité rock.
Par l’intermédiaire de son morceau inaugural, "Mercury" fait revivre une partie de l’ambiance de "Mute" avec un titre éponyme percutant qui fait office de filiation tout en fluidité. La composition de Chapel a gagné en pureté en laissant le superflu ne plus interférer et c’est le riff en tant que substance du rock qui est à la fête. ‘White Chalk’ en est une belle incarnation avec son gimmick instantané sur lequel se brode un beau moment de rock alternatif. Globalement "Mercury" est un album plus diversifié et plus en accord avec l’intimité que Nicolas Chapel veut nous faire partager avec des parentés qui vont de Jeff Buckley (‘Nislands’) à Steven Wilson (‘Swan Song’) en passant par Nick Drake (‘Pearls On a Strand’).
Par rapport à "Building An Empire" les compositions sont aussi plus convenues avec des développements moins surprenants pour ceux qui sont accoutumés au travail du français (la montée paroxystique de ‘Spellbound Lily’ par exemple). Ce court album est pavé de passages à la sensibilité affleurante (l’aride ballade ‘Water And A Sigh’) dont les structures plutôt élémentaires prennent corps au fur et à mesure du déroulé (‘A Spark Before The Sun’). Hormis le blues sorti de nulle part ‘Little Invisible’ ce "Mercury" éclectique affiche une véritable cohérence et impose le côté obscur de la signature harmonique de Nicolas Chapel ainsi que ses réels progrès dans les nuances vocales.
Sans atteindre des sommets "Mercury" est un album agréable à écouter qui témoigne de la liberté artistique et de l’assurance consolidée de son créateur. Avec ce changement de cap en douceur, Demians montre aussi une envie de se renouveler sans renier l’essence profonde de son écriture qui a fait son succès depuis ses débuts.