Indéniablement quelque chose de spécial accompagnait l’écoute du premier album de Fredrik Larsson, alias FreddeGredde. Au milieu de toutes ses idées pas forcément égales en termes de style, qualité et finition, émergeaient à de nombreuses reprises une vraie écriture et un potentiel propices à mettre la puce à l’oreille de tous les amateurs de prog racé et contemporain. Une confirmation était donc attendue au tournant et c’est "Brighter Skies" qui, trois ans après, nous donne l’occasion de juger des efforts consentis par le suédois. Encore une fois le multi-instrumentiste s’est chargé de tous les instruments hormis la batterie qui revient à Louis Abramson de Jolly, un des marteleurs les plus intéressants de ces dernières années.
Le début de disque sous forme de bienvenue est aussi brillant que les ciels dont le titre fait référence. Les appétences modernes et classiques de FreddeGredde sont à l’œuvre dans ce morceau bien construit avec comme références des groupes aussi réjouissants que Spock’s Beard ou Sky Architect. L’apport de Louis Abramson est d’emblée audible avec cette puissante finesse dont le new-yorkais sait nous régaler. Après cette mise en bouche qui rassure apparait un des deux titres imposants de cet album. ‘The Autotelic Self’ est la confirmation des qualités d’écriture du jeune musicien, notamment dans les harmonies de refrains, et si les idées surgissent avec toujours autant de débit le flux créatif semble déjà mieux maitrisé. Fini le patchwork de 17 titres de "Thirteen Eight", avec tous ces titres popisants/FM qui alourdissaient la dynamique que le créateur avait du mal à canaliser.
Sous ce format seul ‘Your Life’ demeure et il est plutôt salvateur intercalé entre les onze minutes du débridé ‘Autotelic Self’ et l’étourdissant ‘This Fragile Existence’. Le superbe ‘The Tower’ s’appuie sur un tempo plus mesuré et révèle de grandes qualités d’arrangements avec beaucoup de sonorités acoustiques au piano et à la flûte. Ce sont ces mêmes sonorités qui ouvrent le final épique ‘Ocean Mind’ avant que l’électrification ne prenne le relais. Bien que ce ne soit pas évident aux premiers abords sur ce dernier titre agité, le travail de Larsson au niveau de la cohérence de composition parvient à donner une structure qui prend forme au fil des écoutes. Basé sur une architecture classique du rock progressif ambitieux ‘Ocean Mind’ voit plusieurs moments se succéder sous la tutelle d’un thème mélodique dont une partie centrale instrumentale jouissive et un final paroxystique.
Ces trois années n’ont pas été vaines et une maturité s’est affirmée dans une écriture toujours aussi complexe et dense qui a gagné en fluidité. Entre "Thirteen Eight" et "Brighter Skies" Fredrik Larsson s’est recentré sur un rock progressif classieux qui sait se muer en métal progressif. La dynamique de progression qui anime FreddeGredde entre ces deux albums est impressionnante et pourrait encore surprendre pour le prochain album. Pour l’heure "Brighter Skies" est un logique coup de cœur de fin d’année et une solide recommandation.