"The Other I", débute par un contre-pied ! 'Orion', le titre d'ouverture, vous fera immanquablement penser au The Cure des années 90. On y retrouve exactement le même type de sonorités que dans l’album "Disintegration", le même fond sonore tapissé de parties de clavier fantomatique, le même son de batterie, la même mélancolie… il n’y a guère que la voix et la profondeur de la production, ici nettement plus efflanquée, qui diffèrent.
Et pourtant dès le second morceau, le groupe va se démarquer de cette influence et prendre un malin plaisir à brouiller les pistes. En effet, si Blindfold' renvoie à Lilly Wood and The Pricks, avec 'In The Mirror', c’est plutôt du côté d’All About Eve que le groupe fraye alors que 'Glory Days' fera plutôt penser à Siouxsie and The Banshees. On le voit, la cohérence musicale n’est pas le souci ni la qualité première de 2 :54.
Une chose est certaine, la formation est très ancré dans les années 90 dont elle reprend nombre de gimmicks New Wave / Dark Waves / Pop romantique. L’interprétation est convaincante, notamment du fait de parties de guitares tissant des arabesques mélodiques envoutantes, d’une batterie s’exprimant avec beaucoup de finesse et de vocaux tout en délicatesse mais on reste quasiment toujours en terrain connu.
De fait, si ce disque se révèle très accessible en distillant un plaisir immédiat alimenté par des éléments aisément reconnaissables et assimilables, au fil des écoutes, l’intérêt tend à s’amoindrir. Et c'est bien dommage car avec sa maîtrise instrumentale et son sens des arrangements très probants, il est regrettable que 2:54 n'ait pas mis son talent au service d’une identité musicale plus forte.
"The Other I" est indéniablement un disque charmeur mais il manque de profondeur et de personnalité. Gageons que ce jeune groupe saura murir et nous revenir avec un album dans lequel ses capacités seront mise au service d’un projet artistique plus ambitieux.