Lucky Elephant est un quatuor qui partage ses origines entre le France par son chanteur et l’Angleterre. Ce second album intitulé « The Rainy Kingdom » est le moyen pour la bande de nous faire ressentir ce qu’ont pu vivre, notamment dans les années 70 à Londres, et ce que vivent encore de nombreux habitants lorsqu’ils sont déplacés de leurs quartiers insalubres ou démodés pour être logés dans des barres d’immeubles certes modernes et propres mais sans vie.
Avec en toile de fond un sujet social aussi sensible, l’auditeur ne sera pas surpris de retrouver un grand nombre de titres gorgés de mélancolie. Dès le morceau d’ouverture « Old Kent Road », la formation nous entraine dans cet univers empli de nostalgie par le biais d’une ligne de basse grave et épurée sur laquelle la guitare égraine quelques accords. Le refrain plus lumineux permet au titre de ne pas se perdre dans le larmoyant et lui donne au final un bel équilibre.
L’aspect vintage qui se faisait déjà ressentir devient alors très prégnant sur le second morceau « The British Working Man » caractérisé par son accordéon et ses sons de synthé datés. Exempt de chant remplacé par des samples, le titre détonne par sa ritournelle désuète et pas particulièrement plaisante à l’oreille. Le fait qu’il semble avoir été choisi pour présenter l’album (une vidéo a été réalisée pour le mettre en image) est un autre choix assez étrange…
La suite s’avère bien plus accrocheuse avec notamment la plus enlevée « All The Streets I have known » aux sonorités chaleureuses et à la mélodie subtile ou encore « Buckets And Spades », morceau qui aurait pu être soporifique s’il n’était pas perturbé par une montée en puissance jouissive en son milieu. « The Girl I Love » tient toutes ses promesses avec son petit côté ballade romantique intimiste alors que « Little Darling », à la limite de l’instrumentale, achève l’album sur une note enjouée et très plaisante.
Ce « Rainy Kingdoms » est au final un disque assez paradoxal. Si les sons, le jeu très expressif des musiciens et certaines mélodies semblent souvent provenir d’une autre époque, l’ensemble fait résolument moderne. Si l’on retire un ou deux titres un peu trop simplet, l’album est une réussite totale, sorte de retour vers le futur dans lequel on aimerait se perdre pour ne pas revenir…