Associer un violon dans des productions lourdes est si incongru qu'il faut le souligner... Alors que le death s'oriente souvent vers une architecture sonore aussi "raide qu'une saillie", des groupes comme Bloodstained Ground qui insistent sur leur différentiation stylistique deviennent un véritable bol d'air frais...
A Poem of Misery est le son second album du groupe et il flirte avec un death aux colorations black. La galette est construite autour de compositions étirées qui sentent bon le progressif. L'opus dépeint ainsi de multiples ambiances, portées par une guitare carrée dont les mélodies illuminent l'oeuvre ; quelques sonorités "world" (The Old Ones) viennent également adoucir le propos. La batterie épileptique rehausse les compositions, grâce notamment au contraste entre la grosse caisse en double croche et la caisse claire sur le temps. Quant à la voix, elle est puissante et sait passer par des registres criards ou plus caverneux.
Même si les compositions sont guidées par un goût prononcé pour une musique puissante, depuis l'introduction mystique de (Self) Imposed Denial, jusqu'au final presque black de Poisoned Mind, la magie repose avant tout sur ce violon magique qui tempère les hurlements sonores. On sent ses interventions nécessaires et indissociables de l'esthétique musicale du combo, que ce soit sur l'introduction de Poisoned Mind, ou sur le passage aérien de A Noble Laby...
A l'écart de toute obédience métallique, la galette fait le choix de la mélodie plus que d'une orientation musicale rectiligne. A Poem of Misery est ainsi un patchwork coloré qui mêle des sonorités hétéroclites en un ensemble cohérent.