Pianiste émérite et compositeur, Guido Umberto Sacco nous présente son premier opus, Music for Dodos, reflet d'un univers musical allant de la musique classique au jazz.
Les trois premiers titres de cet album vont d'abord mettre à l'honneur les talents de pianiste de l'artiste, mêlant jazz mélodique et fusion (particulièrement sur Wildstyle), le tout enrobé d'une rythmique complexes aux nombreuses ruptures, pour un rendu plutôt réussi et attractif pour les oreilles progressives. La suite va par contre présenter une musique radicalement différente.
Ce sont tout d'abord les Turqueries en trois parties qui, inspirées par une sérénade de Mozart, accouplent ces éléments classiques avec un jazz plus traditionnel porté par un sextuor inédit d'instruments à vents (2 clarinettes, 2 clarinettes basse et 2 bassons). Ce mélange original parvient là encore à tenir les sens en éveil, même s'il convient de souligner une certaine linéarité dans le rendu sonore de l'ensemble.
Après un intermède de jazz samba quelque peu incongru, place au plat de résistance avec une suite de musique classique en 8 mouvements pour deux violoncelles (suite delle maschere), qui rappellera aux oreilles aguerries les suites du même nom (mais pour un seul instrument !) d'un certain Jean-Sébastien Bach. Ici, le premier violoncelle évolue dans les graves sous la forme d'arpèges liés, tandis que le deuxième (joué par le même musicien en overdub !) place des mélodies plutôt simplistes dans les aigus. Petit intermède au sein d'un océan plutôt terne, la quatrième partie se fend d'une touche qui évoque Stéphane Grappelli, mais cela ne suffit pas à éviter l'ennui. Après cette trop longue escapade classisante, la fin de l'album est plutôt anecdotique, avec un dernier titre jazz et une étude de François Couperin interprétée à quatre mains, exercice de style peinant là encore à passionner.
Après plus d'une heure de musique, difficile de se faire un avis tranché sur cette production mêlant par trop des genres certes proches mais pas forcément audio-compatibles. Si j'avais un conseil à délivrer à notre artiste italien pour ses prochaines productions, ce serait de s'engager résolument vers un style (le jazz) ou un autre (le classique) : il y trouverait très certainement un public beaucoup plus réceptif à son talent de compositeur et d'interprète.