"The Lie Of The Beholder" est le premier album solo de Roy Strattman, guitariste du groupe Little Atlas. Album solo, dont le line up ressemble fort à celui de sa formation d'origine : on retrouve en effet Ricardo Bigai et Steve Katsikas, respectivement bassiste et claviériste de Little Atlas, même si Strattman ne laisse à Katsikas que son piano, le dépouillant des autres claviers et du chant à son profit. Ne manque à cette réunion de famille que Mark Whobrey, le batteur, remplacé sur le présent opus par Nick D'Virgilio. Tant qu'à faire de prendre un remplaçant, autant choisir l'un des meilleurs !
Musicalement, la différence entre "The Lie Of The Beholder" et les albums de Little Atlas n'est pas flagrante. Pour ceux à qui cette référence ne parlerait pas, disons que le groupe a l'habitude de naviguer dans les eaux d'un néoprog de bonne famille. C'est également ce à quoi s'adonne Roy Strattman. Les titres enchaînent des mélodies agréables, indubitablement progressives et bien interprétées par des musiciens talentueux. Les compositions alternent intelligemment passages heavy, souvent prédominants, moments bucoliques et ambiances spatiales au sein d'atmosphères sombres et mélancoliques.
Les trois titres qui ouvrent l'album ne pouvaient constituer une meilleure introduction : rythmés par les riffs vigoureux des guitares qu'apaisent des nappes de claviers envoûtantes, on pense à Pink Floyd ou Anathema et même, plus curieusement, à Vivaldi quand le clavier sur 'Caught Inside The Rain' égrène des notes comme autant de gouttes de pluie, un procédé déjà utilisé par le prêtre roux sur 'L'Hiver', quatrième concerto des fameuses "Quatre Saisons".
La suite est plus inégale et si 'Detonation' arrive à nous surprendre avec ces cris hurlés dans un mégaphone, si le pastoral 'Solace' ne peut que séduire entre sa superbe intro génésienne et son solo flamenco à la guitare classique, si la pop mélancolique de 'Connection Lost', mélange de Blackfield et de Phideaux, fait immédiatement mouche, on ne peut s'empêcher de trouver que la musique tourne parfois en rond, notamment sur les deux instrumentaux passablement ennuyeux que sont 'Jaded' et 'The Lie Of The Beholder'.
L'utilisation un brin systématique de riffs et boucles répétitives s'avère parfois un peu agaçante et laborieuse, et le chant de Strattman, s'il n'est pas désagréable, manque du charisme et de l'empathie nécessaire à emporter l'auditeur. Dommage que ces défauts véniels nuisent à la dynamique d'un album par ailleurs fort agréable à écouter. Même si les belles promesses contenues dans les premiers titres ne sont pas complètement tenues sur la durée, "The Lie Of The Beholder" reste néanmoins gorgé de mélodies bien sympathiques à défaut d'être innovantes.