Composé de membres provenant entre autres de Mars Hollow ou des Rocket Scientists, Heliopolis est un quintet qui s'est formé à Los Angeles en 2012. Après avoir rodé ses compositions sur scène, il nous propose aujourd'hui son premier album, City of the Sun, qui se veut une réponse plus que positive à la morosité ambiante mise un peu trop en avant à leur goût.
Sur ces bonnes intentions, qu'en est-il de la musique proposée sur cette galette, divisée en 5 plages dont 3 présentant une durée propice aux nombreux développements ? Passée une entame plutôt furieuse et quelque peu désordonnée, le propos de New Frontier s'oriente vers un progressif typé 70's, aux forts accents de Transatlantic et autres Flower Kings. De la même manière que ces glorieuses références, les Angélinos nous proposent des thèmes qui s'enchainent en variant les styles, passant de parties chantées (pas forcément les meilleurs passages d'ailleurs) à de grands intermèdes instrumentaux, au sein desquels on remarque l'excellente technique des différents instrumentistes, avec notamment une basse virevoltante et une batterie au jeu plutôt typé métal, qui en ferait presque un peu trop par moment. Néanmoins, ces 10 premières minutes passent à toute vitesse, et Take a Moment va enfoncer encore un peu plus le clou, en nous proposant une nouvelle suite inspirée, au cours de laquelle claviers et guitares vont se tailler la part du lion, le tout emballé avec des mélodies qui se renouvellent et maintiennent un intérêt élevé.
Le milieu de l'album va ensuite connaître un léger trou d'air, avec un bizarroïde Mr Wishbone aux sonorités très "crimsoniennes", mais dont le déluge de technicité et de dissonances ne passionne guère, et s'avère en tout cas en réel décalage avec ce qui précède. Passons également sur Elegy, très évocateur des Flower Kings, mais dont le format plus court ne propose guère de variété, la place prépondérante accordée au chant positionnant presque ce titre comme un single potentiel.
Heureusement, la dernière suite de l'album va revenir à l'ambiance de la première partie, avec un côté un tantinet plus débridé, notamment dans certaines parties instrumentales flirtant avec le jazz rock. Tirant pleinement partie des 14 minutes de Love and Inspiration, Heliopolis donne libre court à son imagination débordante pour emmener l'auditeur dans des territoires qui, s'ils ne répondent pas forcément (musicalement parlant du moins) au positivisme souhaité par le groupe, entraînent néanmoins l'auditeur dans une sarabande musicale fort réjouissante pour l'esprit, transmettant une énergie que l'on sent provenir des expériences live du groupe, parfaitement retransmise par une production pas trop léchée, même si une fois encore la batterie aurait mérité de se trouver un peu moins en avant.
Inévitablement, la musique proposée par Heliopolis se prête au jeu des comparaisons avec ses contemporains évoluant dans un style similaire. Sans approcher la perfection de Transatlantic, le groupe s'en tire néanmoins avec les félicitations du jury, avec cependant un petit bémol pour le coup de mou central de l'album. Une bonne occasion de remettre le couvert pour tutoyer les anges lors d'une prochaine production ?