Dans la série "Les groupes de néo qui se remettent à faire de la musique après une longue période de silence", suivant entre autres Primitive Instinct, Red Jasper, Clepsydra, et avant le retour annoncé de Collage, Music Waves vous présente Iluvatar, figure de proue du néo-progressif américain dans les années 90's et qui remet le couvert, 15 ans après la publication de l'excellent A Story Two Days Wide, et ce dans une formation inchangée.
Et du côté musical, le style bien caractéristique du groupe n'a également pas pris une ride pour ce quatrième album, intitulé judicieusement From the Silence, comme un clin d'œil à leur retour ! Après une brève introduction, Open the Door remet en marche les rythmiques syncopées chères au groupe, surmontées par des guitares tranchantes et par la voix reconnaissable entre mille de Glenn McLaughlin. Ce premier titre reste toutefois difficile à appréhender, et c'est avec la plage suivante, Resolution, que cette nouvelle livraison d'Iluvatar va véritablement prendre son envol et faire décoller l'auditeur dans les hautes sphères musicales. Cette plage propose en effet une subtile mélodie à la guitare acoustique, accompagnée d'une basse chantante et de claviers typiquement néo - qui d'ailleurs délivreront en plein milieu un bon vieux solo de Moog - avant que le refrain ne déclenche une intensité quasi-métallique, l'alternance des deux ambiances étant particulièrement réussie. Mais c'est surtout du côté de la section rythmique que le bonheur se niche, avec une basse chantante en diable et un batteur roi de la syncope et du contretemps, recette que l'on retrouve également sur The Silence!.
Ces éléments une fois posés se retrouveront dans la plupart des titres suivants, avec quelques passages plus acérés - comme par exemple sur l'instrumental métallico-dissonant au titre improbable (Le Ungaire Moo-Moo) -mais également des morceaux aux ambiances plus planantes, faisant la part belle aux sonorités de guitare façon "Violet District" et laissant de la place aux soli, parmi lesquels culmine le splendide The Silence!. Il faut également souligner la propension du groupe à délivrer des mélodies enthousiasmantes dans lesquelles, chose suffisamment rare pour être relevée, l'emploi régulier de modes majeurs amène une gaieté rafraichissante. Enfin, est-il besoin d'ajouter que la production est soignée, comme pour la majeure partie des productions néo-progressives venues d'outre Atlantique, trouvant un juste équilibre entre les différents instruments permettant ainsi d'apprécier à sa juste valeur les partitions de chacun.
Si certains retours après une longue absence se révèlent parfois hasardeux, celui d'Iluvatar est pleinement réussi et remet en lumière un groupe injustement sous-estimé lors de sa première période d'activité. Nul doute que ce From the Silence va remettre les pendules à l'heure et que les technologies de diffusion actuelle lui permettront à de rencontrer l'audience qu'il mérite amplement.